• Marcel Gauchet (il me semble) a caractérisé le christianisme comme "religion de la sortie de la religion". Dans le même ordre d'idées Kojève affirmait que seul le monde chrétien pouvait accéder à la vérité ultime qui est l'athéisme.

    Mais ne peut on pas déceler dans la modernité une sortie hors du christianisme ? si bien sûr, si l'on en croit les sociologues qui annoncent en Occident une tendance lourde à la sécularisation et à l'athéisme (ou à la mécréance selon Bernard Stiegler). ainsi même parmi ceux qui se disent chrétiens, une bonne partie ne croit plus à l'existence de l'âme, ni à la Résurrection du Christ, encore moins des corps, et quant au jugement dernier....c'est tous les jours qu'il a lieu, à Wall Street ou à la bourse de Paris...

    cette sortie hors du christianisme prend comme visage le capitalisme mondialisé qui est notre "destin", si l'on en croit nos modernes clercs (tous économistes). Il s'agit donc d'une nouvelle religion , une religion à "transcendance", celle ci se nommant tour à tour développement, croissance, démocratie, globalisation etc...il s'agit bien d'une transcendance parce qu'aucun débat  à son sujet n'est admis. Tout débat est possible en démocratie, sauf le débat pour savoir si la démocratie est bonne ou non : ceux qui iraient contre s'excluent du débat "civilisé". Et la démocratie, cela va avec la crosisance, l'ouverture des frontières, la mondialisation. Comme disait Thatcher : "There is no alternative" (= T. I. N. A. ). J'aimerais bien passer une heure avec elle, cette Tina, histoire de lui montrer de quel bois je me chauffe...son prix sera le mien !

    Nous avons donc avec le capitalisme mondialisé (tout aussi bien que mondialisateur) la religion de la sortie de la religion de la sortie de la religion. Mort de rire

    Mais cette sortie en est elle bien une ? il semble que non ! on n'en sort pas et on ne s'en sort pas, des religions, et la meilleure preuve en est que les apôtres du libéralisme et du capitalisme le plus dur sont aussi ceux de la religion sans aucun frein, que les plus malins (ou les plus cons, c'est pareil) nomment "laïcité positive", croyant tromper leur monde : ainsi les USA, pays très religieux et très libéral et "dérégulé", l'Angleterre, la France depuis l'avènement de Sarkozy. On sait aussi que les régimes islamiques les plus intégristes, parmi les pays du Golfe, s'accomodent très bien du capitalisme le plus débridé, et de l'exploitation éhontée de leurs travailleurs immigrés , sans que les grandes consciences humanitaires occidentales ne s'en alarment beaucoup... sans doute sont ils déjà trop occupés à défendre les pauvres sans papiers d'Europe.

    La religion moderne, qui "relève" et coiffe toutes les autres (au poteau) en les réunissant sous sa coupe, le "monothéisme du dollar" comme disait Garaudy , semble aussi renouer avec les antiques sacrifices humains des Molochs , Baals, et autres dieux sanguinaires. Comme le disait Lacan parait il, le capitalisme est efficace, trop efficace...il marche si bien qu'il dévore tout, et pour finir s'autodévore. Et elle ne réunifie vraiment ni les hommes, ni les peuples, ni les autres religions, puisqu'elle met tout le monde en concurrence et en "choc des civilisations" , même si les bons apôtres nient farouchement ce dernier fait, clamant sans arrêt la nécessité de la tolérance, du multiculuralisme... mais ce multiculturalisme, cet "amour universel" ne peut longtemps cacher sa face hideuse de multiracisme et de guerre de tous contre tous.

    Il est donc nécessaire d'en sortir, vraiment cette fois, et donc d'envisager une religion qui serait la religion de la sortie de la religion de le religion de la sortie de la religion  ! Mort de rireMort de rireMort de rire.

    Une religion qui enfin relierait les hommes, et assurerait donc l'unité du genre humain qui est d'après Brunschvicg (dans "Introduction à la vie spirituelle") le plus haut stade envisageable pour la progression de l'humanité, stade après lequel plus rien n'est pensable. C'est cette religion, qui se substituera à toutes les autres en les supprimant (plutôt qu'en les sursumant ou les "relevant") que nous cherchons à définir ici.

    Une telle religion est elle pensable  et possible ? je pourrais répondre qu'elle peut être caractérisée comme "conception scientifique du monde", mais sous une tout autre acception quer celle des philosophes du Cercle de vienne (inventeurs de la formule). mais pour éviter les débats interminables, je ferai usage d'un argument en forme de "pari pascalien" qui je l'espère mettra tout le monde d'accord : oui cette religion est pensable, possible et doit donc être recherchée, parce que si par hasard elle est impossible, alors l'humanité s'autodétruira sous peu. Il faut donc faire le "pari" , à la manière de Pascal, que cette religion du "Dieu des philosophes et des savants" est possible, ce qui veut dire qu'il faut toutes affaires cessantes travailler à la réaliser.

    C'est au nom de ce Dieu, dont je considère l' existence prouvée par ce qui précède, que je condamne de la façon la plus vive les "anciens dieux", à commencer par celui qui précède immédiatement, à savoir le dieu abstrait de la mondialisation financière et économique, et en même temps que lui le "Dieu" du monothéisme abrahamique, qui lui colle de tellement près à la peau que l'on peut se demander s'ils ne sont pas le même dieu unique (en quatre exemplaires plutôt que les trois connus depuis lontemps ).

    J'ai caractérisé, peu avant les élections françaises, le "sarkozysme" comme l'alignement de l'exception française sur le fonctionnement anglo-saxon, libéral et dérégulé. Le rapport Attali sur la "libération de la croissance",  dont des versions piratées sont parues et ont été commentées dans la presse, ne me démentira pas. Il s'agit d'une ode (fort peu poétique) aux poncifs les plus éculés de l'ancienne religion (qui est encore celle de tout le monde hélas) : libéralisation, liberté de travailler plus, mise en concurrence de tous contre tous pour la plus grande gloire du dieu profit, dérégulation. J'en extrais ce passage tiré de la proposition 247 qui ne vise rien de moins que le démantèlement des services publics français, en prenant explicitement comme modèle l'exemple britannique :

    "Développer des agences pour remplir les missions opérationelles des prestations de service.

    Plusieurs dizaines de structures coexistent aujourd'hui en France sous la dénominsation d' « agence », au statut juridique et au fonctionnement très différents : par exemple l'Agence de l'eau, l'Agence France Trésor, l'Agence des participations de l'Etat, etc. Il s'agit soit d'établissements publics administratifs, soit d'établissements publics à caractère industriel et commercial, soit de groupements d'intérêt public, soit enfin de services à compétence nationale : tous disposent de prérogatives très différentes et d'une autonomie de gestion très variable selon les cas. Par exemple, certaines assurent à la fois les missions de conception et de mise en œuvre de la politique dont elles ont la charge. D'autres se limitent à la stricte mise en œuvre de politiques publiques arrêtées au niveau ministériel.

    Au Royaume-Uni, le développement des agences a permis à la fois de moderniser le statut de la fonction publique et de décentraliser la responsabilité en matière de recrutement et de négociations salariales. Ces agences ont ainsi permis de moduler la gestion des ressources humaines à l'aune d'objectifs et de cibles de performance, fondés sur la base d'indicateurs objectifs. Les agences ne sont donc en rien une étape vers la privatisation du service public : elles sont avant tout une façon de mieux le gérer, et donc d'en assurer la pérennité.

    La France doit suivre cet exemple : le gouvernement nommera les directeurs des agences. Il leur fixera des objectifs chiffrés et en contrôlera les résultats. En particulier, le partage des responsabilités, le processus d'allocation des ressources et la gouvernance seront très clairement précisés dans un contrat d'objectifs signé entre le ministre concerné et chaque agence, ce qui permettra un contrôle de cette dernière et une responsabilisation de ses dirigeants sur la base des résultats obtenus.

    Pour exercer ce contrôle, un « conseil de surveillance » pourra être mis en place au sein de chaque agence. Il devra compter en son sein des représentants des usagers, de façon à ce que la qualité du service final puisse être pleinement prise en compte dans le contrôle de la réalisation des objectifs. Le directeur d'agence pourra venir indistinctement de l'administration ou du secteur privé. Il devra réponde de la réalisation des objectifs devant son autorité de tutelle, avec une rémunération en partie indexée sur les résultats.

    La mise en place d'agences n'implique pas de créer un nouveau statut juridique. Au Royaume-Uni, les agences, qui emploient 77% des fonctionnaires du pays n'ont pas la personnalité morale. Aussi, il n'est pas proposé d'élaborerun modèle juridique unique, ni même de créer une catégorie nouvelle de personnalité morale.

    Les agents actuels auront le choix entre la conservation de leur statut de droit public et un nouveau contrat, de droit public ou de droit privé, selon les fonctions et responsabilités de l'agence. Les nouveaux agents seront embauchés sous ce nouveau contrat ou sous le statut de la fonction publique, selon la décision des responsables de l'agence, en fonction de l'intérêt des usagers.

    Des agences pourraient être créées pour :

    • La gestion de l'impôt
    • La tenue de la comptabilité publique
    • Le conseil et l'assistance aux entreprises de moins de 20 salariés
    • L'INSEE
    • La protection civile
    • L'administration pénitentiaire

    Dans un second temps, ce dispositif pourrait être étendu à la gestion des principaux services sociaux en incluant les partenaires sociaux au conseil de surveillance.

    Pourrait également être envisagé de regrouper en Agence tous les intervenants de la formation professionnelle, de la politique du logement ou de la politique de la ville."

    Nietzsche disait que contre le prêtre on n'a pas des raisons, mais des maisons de correction; je dirai de même que contre Sarkozy et ses "rats" (Badiou désigne ainsi les félons de la "gauche" qui sont passés de l'autre côté pour l'attrait de la soupe, comme Kouchner, Attali, Lang, Rocard, Strauss-Kahn et bien d'autres... sans compter que ces "rats" ont au moins eu le courage d'assumer leur saloperie, tandis que d'autres en rêvent la nuit Mort de rire) on n'a pas des arguments, on a des fusils mitrailleurs.

    Mais, coïncidence ou providence ? Mort de rire un magnifique film sorti tout récemment de Ken Loach  : "It's a free world" vient en quelque sorte donner la réponse au galimatias mental de la commission Attali, et notamment à ses propositions ignobles (je pèse mes mots) d'augmenter considérablement l'immigration de travail afin de relancer la croissance et de payer les futures retraites.

    Ainsi le cynisme le plus éhonté des apôtres du dieu cash-flow ne se cache même plus derrière le paravent humanitaire. Il s'agit d'inciter un nombre conséquent d'immigrés du tiers monde à venir s'installer en europe pour combler le "déficit prévisible de main d'oeuvre à moyen terme" en Europe , qui est de 20 millions d'individus.

    Appelons un chat un chat : il ne s'agit plus d'immigration libre, il s'agit de déplacement forcés (oh pardon...incités) de populations.

    mais qui se soucie ici du sort du monde commun ? car si ces immigrés ont une qualification, les faire venir en Europe en privera leur pays d'origine, qui continuera à s'enfoncer dans la misère. Et s'ils n'ont aucune qualification, alors ils viendront faire concurrence à la grande masse déjà présente des "travailleurs sans qualifications" nés en Europe (grâce aux vagues précédentes d'immigration non régulée) et  qui émargent au chômage et à l'aide sociale, ceci dans un pays où la dette publique inquiète à juste titre tout le monde.

    Le film de Ken Loach , réalisé après une enquête minutieuse dans le milieu des "travailleurs clandestins " au Royaume Uni, montre le sort affreux qui attend ces travailleurs , sans aucun droit et obligés à travailler 14 heures par jour pour pouvoir simplement survivre, de surcroît continullement menacés par les acidents de travail ou les expulsions quand on n'a plus besoin d'eux pour faire tourner la machine-Moloch qui les broie vivants.

    Ainsi la "gauche" démocrate ou radicale commence t'elle à jeter le masque de la convention et à prendre conscience qu'inciter les populations du tiers monde à venir s'installer dans des pays où l'on n'a pas besoin d'eux n'est peut être pas un très bon service à leur rendre. Mais que dire alors des exploiteurs et des idéologues à leur service comme Attali ?

    Bien entendu, le cosmopolitisme dans sa version du siècle des Lumières reste t'il un objectif : l' unité du genre humain en passe par là. mais il n'a rien à voir avec le déplacement forcé de pauvres hères qui ne cherchent pas l'émulation culturelle mais la simple pitance de la survie quotidienne.


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  • La crise mondiale financière/boursière/économique qui s'annonce, liée à la probable récession de l'économie américaine qui résulte elle même de la crise des "subprime", sera elle la dernière ? je me rappelle de ce qu'Alain de Benoist déclarait dans un article du "Monde" au moment de la guerre du Golfe il me semble :

    "L'Occident gagnera toutes les guerres sauf la dernière"

    Mais Alain de Benoist , fondateur et führer de la "Nouvelle Droite" , est un pseudo-penseur aux visées obscurantistes profondément inquiétantes ; j'en profite pour souligner que la critique du monothéisme qui se donne cours ici n'entend aucunement faire l'éloge d'un fumeux paganisme ou neo-paganisme sur le modèkle de la Nouvelle Droite.... le polythéisme ne vaut pas mieux que le monothéisme, et d'ailleurs je m'interroge sur le soutien apporté par la nouvelle droite à Roger Garaudy l'islamiste... il est vrai que le "brun" (la ND ) va bien avec le "vert" (l'Islam) comme on l'a vu dans les années 30-40 , concernant  la collaboration du Grand Mufti de Jérusalem avec Hitler.

    Mais on ne peut refuser à Alain de Benoist (non plus qu'à son grand ennemi Bernard Henri Levy) l'art de la formule. Qu'on le veuille ou non, l'époque est à l'Apocalypse (c'est à dire au rêve d'une vérité dernière sur l'humanité avant que celel ci quitte la scène) et à la "fin des Temps".

    H G Wells avait en 1908 écrit un fameux roman , "La guerre dans les airs", où il prévoyait pas mal de conséquences funestes du progrès technique dans les armements, notamment celui de l'aviation : il annoncait une guerre mondiale où l'Allemagne s'opposerait aux puissances anglo-saxonnes (USA, Angleterre), aux côtés du Japon (et le livre avait prévu les opérations kamikaze), une guerre durant 5 ans suivie d'un effondrement de la civilisation "moderne scientifique occidentale" suite à un arrêt brutal de l'économie mondiale à cause de l'impossibilité des échanges, puis d'une panique, de guerres civiles et d'épidémies meurtrières(de peste en particulier).

    Le livre est facilement accessible (Ed folio poche ), mais voici quelques passages saisissants tirés de l'avant dernier chpitre intitulé : "L'effondrement".

    "L'édifice entier de la civilisation se lézardait, croulait et s'anéantissait dans la fournaise de la guerre.

    Les phases de l'effondrement universel où sombra la civilisation scientifique et financière du XX ème siècle se succédèrent très rapidement, si rapidement que sur le raccourci de l'Histoire elles paraissaient se chevaucher...

    Quand d'un coup d'oeil rétrospectif l'observateur réfléchit sur l'activité intellectuelle de cette époque abolie, le trait le plus singulier est cette hallucination de sécurité. Rien ne parait à présent si précaire que l'ordre social dont se contentèrent les hommes du 20 ème siècle...ce n'était pas tant une confiance raisonnée que l'inévitable conséquence du succès persistant (depuis 3 siècles)..."

    Ici on doit noter une différence dans la réalité qui est la nôtre : il y a longtemps que l'humanité ne croit plus au progrès, se défie de l'avenir (avec raison !) et se réfugie dans l'irrationnel du mythe et des croyances.

    Cette différence, bien sûr, en recouvre une autre, qui est de taille : dans la réalité, il y a eu deux guerres mondiales, et l'humanité s'en est relevée, et a poursuivi après 1945, à un rythme accéléré de manière fantastique, son progrès technique et scientifique.

    Mais est ce si sûr ? j'entends par là : le scénario imaginé par Wells d'un effondrement subit de la civilisation doit il être mis hors jeu définitivement ?

    Je ne le pense pas ! déjà au début des années 60, dans le livre bien connu "Le matin des magiciens", Pauwels et Bergier signalaient l'extrême fragilité , dûe à sa complexité même, de la civilisation moderne, démocratique et "scientifique".

    Le titre et la photo de cet article font allusion à la chute de l'aigle nazi en 1945.

    Mais l'humanité d'après guerre a t'elle vraiment rompu totalement avec l'idéologie nazie ? la victoire des prétendues "démocraties" n'est elle pas une victoire à la Pyrrhus ?

    Le trés beau film récent "La question humaine" interprète la violence (économique) de notre modernité contemporaine mondialisée comme trouvant sa visibilité paradoxale et son intelligibilité dans la "lumière fossile de la Shoah", j'en ai fait le commentaire sur l'ancien blog :

    http://www.blogg.org/blog-64760-billet-la_question_humaine__ou_la_lumiere_fossile_de_la_shoah-664822.html

    Certains commentaires rabbiniques du livre de Daniel interprètent le songe de la statue à la lumière des différents empires se succédant dans l'Histoire, qu'un philosophe comme Hegel analyse comme : monde oriental, grec, romain et germanique. L'époque messianique annoncée par les rabbins succèderait à l'effondrement du dernier empire , germanique selon Hegel, occidentale selon la pensée moderne.

    Plusieurs versets se rapportent à ceci , ainsi dans Jérémie :

    "Même si Babel montait jusqu'au ciel, érigeait dans les hauteurs ses puissantes forteresses, des dévastateurs suscités par moi l'atteindraient, dit YHVH"

    Dussiez vous vous élever comme l'aigle et regarder le soleil face à face, je vous précipiterai dans les profondeurs de l'Abîme, oracle de YHVH.

    Mais le judaïsme doit être interprété comme un athéisme, à la différence des deux faux universalismes issus de lui. Je me réfère ici aux thèses de Misrali, le grand commentateur de Spinoza, selon lequel la qabbalah (l'ésotérisme hébraïque) doit être interprétée dans la dimenson d'une immanence radicale ne laissant aucune place à une quelconque transcendance, voire même à Bernard Henri Lévy qui déclare à la fin du "Testament de Dieu" que "le trait caractéristique de la mentalité de l'homme hébreu est l'inexistence radicale de celui qu'il nomme son Seigneur"

    Le "Messie" ("Masshia'kh") ne viendra jamais dans l'Histoire ; tout "messie" pouvant se présenter est un faux Messie, le dernier exemple célèbre étant celui de Shabbatai Tsevi, qui a provoqué en 1666 une cassure en deux du monde juif.

    Philosophiquement ceci est formulé de manière idoine par Badiou :

    "Il n'y aura pas d' épiphanie de la vérité".

    La vérité, qui est la figure philosophique de "Dieu" se rencontre point par point, pas dans une fulgurance poétique ou prophétique. Ou encore, selon les termes de Brunschvicg : "Dieu se rencontre d'esprit à esprit, non face à face". Je note d'ailleurs que le "Dieu de Moîse" lu dit : "tu ne peux me voir face à face et vivre"...

    Alors Wells ? démenti par les faits ou pas ?

    Pour ma part je terminerai (sans finir) sur les considérations suivantes, en appelant à éviter toute tentative de trouver refuge (face à la panique qui nous guette tous, quiqu'on en dise) dans un "avenir radieux" (sur le mode marxiste ou millénariste) ou un passé primordial vers lequel le Temps nous ramènerait après les "tribulations de l'Apocalypse"; je préfure me situer dans le "présent éternel de la réflexion" thématisé par Marie Anne cochet dans son livre sur la conversion spirituelle selon Brunschvicg, voir :

    http://groups.msn.com/Principiatoposophica/philosophie.msnw?action=get_message&mview=0&ID_Message=18&LastModified=4675655639014156283

    "Seule, l'intégration des moments dans le présent éternel de la réflexion peut poser un avant et un après, un passé et un futur... toute connaissance s'exerce dans un inépuisable aujourd'hui. En lui s'insèrent tous les temps, s'évoquent tous les espaces. Et ces espaces infinis qui faisaient trembler Pascal n'ont point à troubler le jugement de la réflexion. Ce jugement les contient. Ils ne le contiennent pas....

    ce jugement du présent éternel ressemble à un miroir profond où d'innombrables images naissent et se pénètrent mutuellement sans s'effacer jamais mais en se modifiant les unes par les autres par des valeurs nouvelles. Ainsi , réfléchi, conservé, transformé, le mirage fluent des sens et des vies s'instaure en un monde spirituel, s'ordonne et s'unifie. Les intelligences s'y succèdent se développant en lui et le développant à leur tour. C'est dans ce monde spirituel que nous trouvons le spectacle offert à notre propre réflexion"
     
     

    Dans cette optique j'interprète la période de 1945 à nos jours comme une "fin qui se prolonge", dans une lumière "spectrale" ; les trente glorieuses 'de la France, de 1945 à 1975) ne sont à mon avis pas si glorieuses que cela.

    Nous rejoignons donc de cette façon la vision grandiose de Wells, une vision terrifiante aussi, notamment quand il évoque certaines péripéties survenant aux hommes de l'après guerre (dans le roman, pas dans notre réalité) s'aventurant à visiter Londres devenue un désert. A la nuit tombée des spectres de l'époque (victorienne) révolue apparaissent aux yeux du téméraire visiteur, qui ne trouve son salut qu'en se confiant au Dieu de la Bible Mort de rire...ce qui rappelle aussi le final du "Récit du vieux marin" de Coleridge, une des plus grands poèmes de tous les temps. Ce qui rappelle aussi le film récent "Je suis une légende" (New york prenant le place de Londres).

    Alain Finkielkraut déclare que nous sommes entrés dans un processus de décivilisation; je suis de son avis, et la prétendue "politique de civilisation" du tandem Sarkozy-Guaino prend selon moi des allures de sinistre farce.

    Le cinéma voit de plus en plus arriver la détresse absolue qui va fondre sur l'humanité des mois et des années qui viennent, je n'en veux pour témoin que l'excellent film récent de Sidney Lumet "Before the devil knows you're dead" que j'avais aussi commenté :

     http://www.blogg.org/blog-64760-billet-sidney_lumet___7h_58_ce_samedi_la__before_the_devil_knows_you_re_dead_-677706.html

    ainsi que le film qui doit sortir des frères Coen : No country for old men (tout un programme ! Mort de rire).

    mais Holllywood n'offre pas d'issue , s'il annonce le désastre qui vient....

    un soldat US de la campagne normande de 1944 parvenait à supprimer sa peur en se considérant comme "déjà mort".

    C'est un peu ce genre de tactique que je propose pour vivre le "mieux possible" les temps troublés qui nous attendent ; en somme une version simplifiée de la doctrine einsteinienne sur l'irréalité du "temps universel" de Newton et de la physique classique:

    "le temps subjectif avec son "maintenant" ne doit avoir aucune signification objective... pour nous, physiciens "dans l'âme", la séparation entre passé, présent et avenir ne garde que la valeur d'une illusion, si tenace soit elle..."

     


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