• Deux jours à tuer

    Grande nouvelle : Jean Becker a découvert que la vie trépidante  moderne est une vie de cons, qu'on perd sa vie à la gagner, surtout si on la gagne bien, et les critiques unanimes saluent un "film plus noir que d'habitude"...

    Antoine (43 ans), joué par l'excellent Albert Dupontel, est un publicitaire ayant une femme charmante et irréprochable, deux enfants charmants, une maison charmante, des amis et des collègues charmants, et des comptes en banque bien garnis. Un beau jour il pète les plombs, saborde tout, famille, métier, pour partir en Irlande rejoindre son père qu'il n'avait pas revu depuis que celui ci avait tout quitté lui aussi, suite à une infidélité de sa femme, trente ans auparavant...à la fin tout s'explique: Antoine a un cancer, il est en phase terminale, il vient mourir chez son père pour ne pas mourir chez lui sous le regard de ses enfants ou à l'hopital...c'est pour cette raison qu'il n'a pas détrompé sa femme qui croyait qu'il la trompait (détrompé...trompait...très fine terminologie de ma part pas vrai ?Mort de rire) avec une autre femme qui n'était en fait que son médecin...

    Je ne connais pas les autres films de Jean Becker, je serai donc obligé de me fier à Claire Chazal sur le fait de savoir si ce film est "plus noir qu d'habitude"... ou bien peut être voulait elle dire : plus noir que les autres films français récents, les chtis, le film de Marchal l'ancien flic avec Daniel Auteuil, etc... ?

    par contre j'ai plein d'idées pour réaliser un film encore plus noir, beaucoup plus noir même (mais bien entendu j'en serais bien incapable, n'ayant jamais manié une caméra):  car Antoine , dans son malheur, garde quand même sa belle voiture, il a plein d'argent, il peut retirer une grosse liasse de billets pour la donner à un autostoppeur sympathique et qui lui aussi a eu des malheurs..... et si l'on réalisait le même film mais avec un chômeur, ou un ouvrier, incapable de quitter sa femme parce que tout simplement il n'a pas les moyens d'aller coucher ailleurs ? et allez tiens, au lieu d'un cancer (maladie noble, attirant la compassion), on lui collerait une cirrhose du foie, qu'il aurait récoltée lors  de sa fréquentation assidue des bistrots de banlieue ?Horreur !

    veut on un scénario encore plus sombre ? j'ai !!

    car Antoine garde quelque chose qui vaut tout l'or du monde : une belle âme ! mais... parlant de film vraiment "noir" pour le coup : et si l'on mettait en scène un véritable salaud, qui n'a pas du tout le cancer mais veut quitter sa femme pour aller courir la prostipute à Manille, ou en Thailande , ça vaut bien l'Irlande pas vrai ?

    et c'est ici que plein de belles questions métaphysiques feraient leur apparition, et le bonheur des critiques de Télérama : car qu'est ce qui vaut mieux ? être un quadra généreux atteint d'un cancer, ou un "septua" dégoûtant qui meurt d'un infarctus au cours de ses escapades de "touriste sexuel" ? mais au fait, un salaud, l'est il par sa propre faute, ou bien en est il atteint comme par une maladie, cancer, SIDA etc..?

    mais même sous sa forme actuelle, le film "inhabituellement sombre" de Jean Becker soulève beaucoup de questions...par exemple celle ci : Antoine est il vraiment une si "belle âme" que ça ? s'il n'avait pas été atteint d'un cancer, aurait il fait la découverte de l'indignité de son existence de publicitaire profitant (et encourageant) de la bêtise générale? et s'il l'avait faite, aurait il eu le courage de tout foutre en l'air pour devenir un pauvre honnête et digne ?

    d'ailleurs il précise lui même que pendant 15 ans il a "eu la vocation" ... mais alors, qu'était il pendant ces 15 ans ? un imbécile qui croit sincèrement que la publicité contribue au bonheur de l'humanité tout autant qu'à l'enrichissement des "créatifs" (comme ces gens là s'intitulent) ? mais comment un imbécile peut il s'apercevoir de son imbécilité ? et qu'est ce qui vaut mieux : un imbécile courageux , généreux et moral, ou un salaud cynique et intelligent ? non, parce que on sait déjà que le top du top, c'est d'être un type jeune , beau, intelligent, généreux, moral, riche et bien portant...n'est ce pas ?Mort de rire

    bref : un film sombre, plus sombre que les Ch'tis en tout cas, et qui soulève plein d'interrogations... ce n'est déjà pas si mal pour un film français en 2008 Clin d'oeil


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