• Fondation péremptoire de la Vérité sur la Terre ; réfutation des théologies, et notamment de l'Islam et du Coran

    Hoené WRONSKI (1776-1853) est un personnage à la fois fascinant et sulfureux, à la fois philosophe et mathématicien, qui a inspiré Balzac pour son personnage du mystérieux "mathématicien polonais" qui découvre l'Absolu et inspire Balthasar Claës, le héros de la "Recherche de l'Absolu", l'un des romans les plus beaux et les plus "initiatiques" (dans le sens défini ici, dont le paradigme est le discours de la méthode de Descartes, , pas dans le sens des attrape-nigauds "ésotéristes" ou "occultistes") de la Comédie humaine (qui, soit dit en passant, représente une mine de trésors et de recherches absolument fabuleuse pour ceux qui s'intéressent à ce dont traite ce blog, qui n'est rien d'autre justement que l'Absolu, ou "Dieu" envisagé intellectuellement).

    voir:

    http://messianisme.blogg.org/

    http://canonphilosophique.multiply.com/journal/item/4/Balzac_et_Wronski

    http://canonphilosophique.multiply.com/journal/item/1/1

    (lire cet article pour comprendre la véritable signification du "oui et non", qui rappelle comme je l'indique le "Est et non" du fameux rêve de Descartes en 1618, qui le baptise en tant que "prophète" du dieu des philosophes et des mathématiciens, qui supplante tous les faux prophètes jusqu'à Mahomet)

    voir aussi cet article consacré à Wronski sur "Fabula":

    http://www.fabula.org/colloques/document946.php

    On se gaussera certainement de voir un "rationaliste" convaincu (en tout cas convaincu de l'être) se livrer à des commentaires sur un auteur qui est plus considéré aujourd'hui comme un charlatan occultiste, qui fut de plus de son temps la risée des milieux mathématiques...

    mais je me suis expliqué sur cette apparente (et apparente seulement) contradiction et n'ai pas à y revenir ici...

    en tout cas j'ai conscience de remplir ici , à un certain point, les premières étapes que Wronski avait fixées à sa doctrine appelée "Messianisme", ou union de la philosophie, de la science et de la religion, programme en sept étapes qui étaient les suivantes:

    « L'objectif est de fonder péremptoirement la Vérité sur la terre, de réaliser ainsi la philosophie absolue, d'accomplir la religion, de réformer les sciences, d'expliquer l'histoire, de découvrir le but suprême des États, de fixer les fins absolues de l'homme et de dévoiler les destinées des Nations. »

    Accomplir la religion, cela voudra dire pour nous (et contrairement à ce que pensait Wronski du christianisme, quoique nous pourrions nous aussi clamer que nous entendons réaliser l'Evangile dans ce qu'il a de juste, dans son idéal de "pauvreté spirituelle" que Brunschvicg admire aussi beaucoup) mettre à bas les différentes théologies, comme nous allons maintenant nous y employer.

    Mais auparavant rappelons ce qu'est selon nous le "Dieu des philosophes et des Savants", que nous opposons de manière absolue (on comprendra par la suite pourquoi nous employons ce terme) au Dieu des religions abrahamiques, et qui est compréhensible de la manière la plus claire dans l'oeuvre d'African SPIR et de Léon Brunschvicg, et aussi dans celle, beaucoup plus abstruse voire illisible hélas, de Wronski...

    Il s'agit du Dieu-Raison, qui a bien des analogies avec le "νους"  des anciens philosophes grecs (Plotin), qui malheureusement a subi une tragique chute dans le mysticisme des Hermès Trismégiste et autres...

    C'est tout simplement (selon Brunschvicg) la "source de la Vérité", l'origine du fait (constatable et constaté depuis Descartes, Galilée et le 17 ème siècle européen) que notre espèce n'est pas simplement une espèce animale comme les autres, préoccuppée simplement de sa survie et de son confort douillet (quoiqu'en examinant de près 99 % de nos contemporains on pourrait avoir des doutes...comme aussi, soyons honnêtes, en nous examinant nous mêmes en bien des occasions), mais aussi et avant tout de la recherche de la Vérité, qui s'appelle "philosophie" et non pas religion.

    Non pas un Dieu dont "il y a vérité" (pour savoir s'il existe ou non) mais Dieu par quoi il y a vérité; un "Dieu" par rapport auquel on ne saurait se situer en face à face, mais le "Dieu" par lequel est rendu possible tout dialogue en face à face et "en esprit et en vérité"...

    Spinoza, dans le "Court Traité" est encore plus laconique, définissant Dieu comme la "Vérité", plusieurs siècles avant les tristes plaisanteries des "héros" cinématographiques de "La vérité si je mens", qui ne font rire qu'eux mêmes, ou du moins les personnes qui applaudissent aussi à "Bienvenue chez les chtis", c'est à dire....allez, soyons charitables, ne les qualifions même pas ! Mort de rire

    car enfin, de quoi est il question, qu'est ce qui est en jeu dans le relativisme post-moderne, dans cette haine de la Raison et de la vérité, qui se retrouve sous une forme ou sous une autre un peu partout, depuis Wittgenstein ou Feyerabend jusqu'à ceux que vitupère Alan Sokal et qui mettent au même niveau les légendes des peaux-rouges (peuple fort respectable au demeurant) et les théories scientifiques du peuplement de l'Amérique du Nord, ou bien l'astrologie et l'astronomie ?

    tout simplement de la tentative de relativiser l'Absolu sous le règne des "cultures" et de la sacro-sainte (n'est ce pas Sarko ?) différence et diversité "multiculturelle"...

    c'est à dire, en notre terminologie : de tuer Dieu, mais réellement cette fois, c'est à dire de couper l'humanité de tout accès à la Vérité, de la condamner donc au retour définitif à l'animalité...tout cela avec force prières et cérémonies "religieuses" si blles à contempler, puisque tout déclin du Dieu-Raison, du "Dieu qui est Esprit" ne peut que favoriser l'essor du Dieu qui ordonne, légifère, juge, condamne, pardonne, bref du Dieu auquel on peut s'adresser .... là encore la maxime évangélique prend un sens qui personne n'aurait imaginé : "il faut qu'il croisse pour que je diminue"

    en veut on encore un exemple cinématographique récent, tout "chaud" ? le film "Crimes à Oxford" (fort beau film au demeurant, tout à fait captivant), qui reprend les développements du second Wittgenstein, celui des "jeux de langage", avec la fin qui insiste avec complaisance, comme si nous n'avions pas encore compris, sur le caractère aléatoire, contingent, partiel, etc.., de la vérité, confondant ainsi ce que Brunschvicg appelle "source de Vérité", ou African SPIR "norme de pensée", et qui n'est rien d'autre que l'Absolu de Wronski, avec les théories scientifiques, effectivement toujours réfutables, qui en sont la "trace"...

    ou bien encore le film "A beautiful mind", qui date de 2001, sur le mathématicien John Nash, avec ce grotesque discours "vous êtes toutes mes raisons", "c'est dans le coeur, pas dans la tête et l'intellect, qu'il faut chercher le but de la présence de l'humanité sur terre"...

    n'en jetez plus la coupe est pleine !

    Mais nous allons maintenant nous acquitter, si possible, de notre dette, et réaliser la première étape de Wronski en démontrant que Dieu ne peut être que ce qu'en dit Brunschvicg, ou plutôt que si l'on dit "autre chose" à propos de Dieu (comme le font les théologies qui le caractérisent comme Tout-Puissant, infiniment bon, etc..., ou bien les différentes mystiques jusqu'aux déconstructionnistes à la Rorty, qui le définissent comme "Amour parfait") on est dans l'idolâtrie, le simulacre, l'imaginaire érigé en réel, à la place de "la chose même" : bref l'Idole.

    Ce faisant j'ignore si nous "accomplirons la religion sous la forme de la philosophie absolue"; en tout cas, si comme je le crois toutes les religions et "idéologies" datant d'avant l'ère scientifique doivent maintenant céder la place à la seule qui peut être nommée religion universelle, c'est à dire "lien" entre tous les êtres humains de toutes les époques, nous pourrions nommer cette "religion" (sans culte, rites ni prières ni mystères ) d'après Wronski : religion séhélienne, ou SEHELIANISME, d'après le mot hébreu "sekhel" qui est à peu près intraduisiable mais évoque les notions d'intelligence scrutatrice et discriminatrice, d'esprit mental ("mind"), de cerveau, de pensée, conscience  etc...une racine trilitère SKL qui a donné aussi "HasKalah", soit le fait de scruter les Ecritures par l'intelligence et la recherche rationnelle en commun; et le mot SEKHEL a été repris dans le titre de ce blog, "Shemesh Sekhel" voulant dire :"Soleil-Raison", ou "Soleil de la Raison".

    Ce que l'on dénomme "Esprit" correspond plutôt à l'hébreu "Neshamah" (terme très usité dans la Qabbalah, comme Sekhel d'ailleurs) mais ce blog se refuse à opposer un"Esprit", une "Conscience supérieure" mystérieuse, accessible aux seuls "initiés", qui planerait infiniment au dessus du "mental" rationnel : on s'achemine ici à la Raison supérieure par la raison... quotidienne, disponible à tout un chacun.

    Un peu de formalisation pour commencer....

    ici nous nous situons dans le domaine de ce qui peut être démontré, ou tout au moins justifié, par des arguments, qui ne peuvent être, jusqu'à plus ample informé, que des propositions, c'est  à dire des suites (finies, puisque jusqu'à plus ample information encore notre temps de vie , et donc de lecture et d'étude est fini) de "signes" ou de "symboles", par exemple en langage "de tous les jours" ou en langage mathématique.

    "Le vrai c'est ce qui est vérifié"... cet aphorisme de Brunschvicg est notre seul guide...et si c'est vérifié, alors c'est que c'est vérifiable...ou bien réfutable.

    Nous refusons donc, et refuserons toujours, pour les raisons explicitée par Hegel dans la "Préface à la phénoménologie de l'Esrpit", les discours des adeptes de la schwärmerei, et leur appel au "sentiment du divin" et autres intuitions mystiques de l'Ineffable, ou bien tout appel à l'autorité d'une prétendue "Révélation".

    Car il y manque la laborieux travail du concept et de la démonstration, qui est "arrachement à l'immédiateté de la vie substantielle", et consiste à "acquérir des connaissances de principes et des points de vue universels".

    Un sentiment "ineffable" ne peut être , par définition, justifié ou réfuté sur le plan du discours, qui doit seul nous occuper ici, nous qui essayons de porter notre pensée de notre ventre ou de notre coeur jusque dans notre tête. Ce qui est affirmé sans preuve peut être nié de même; si vous avez le "sentiment" que dieu est ceci ou cela, alors j'ai parfaitement le droit d'être d'un autre "sentiment", sans avoir moi non plus à me justifier; et si vous invoquez la prétendue autorité d'une "Descente en majesté depuis le ciel intelligible", ou d'une "Révélation sacrée" (Coran Torah, Vedas, Avesta, etc...), qui a eu lieu comme par hasard "dans les anciens temps" et réservée à un seul ou quelques élus, dans des endroits inaccessibles (montagne, désert, etc..), alors réciproquement j'ai aussi moi parfaitement le droit d'invoquer une "révélation" qui aurait été réservée à moi seul, nouveau prophète, par exemple, pourquoi pas, dans les délires de la drogue ou de la saoûlographie, puisque c'est "à la mode" chez les bobos branchés de Saint Germain des Prés !

    suis je inférieur à Moïse ou Mahomet ? ce serait un entorse inacceptable aux "droits de l'homme", et à ll'indépassable idéal républicain d'Occident : liberté, égalité, sexualité !

    vous voulez faire c... le monde  en vous réclamant d'un mystérieux "régime alimentaire" , ou d'une norme vestimentaire, ou d'un jour sacré, qui vous auraient été prescrits par Dieu par l'intermédiaire d'une prétendue Révélation faite à vos aîeux  (ou à un "élu" choisi comme Messager parmi eux, alors que le Dieu Tout Puissant devrait très bien pouvoir envoyer des messages à tout un chacun, sans fil et à toutes les époques et dans toutes les galaxies, puisqu'il peut TOUT ...non ?) il y a 50000ans, ou 6000 ans, ou 1500 ans, tout en haut de la "Montagne sacrée" ou au fin fond du désert ? et moi alors, qu'est ce qui m'empêche d'invoquer une Révélation qui m'aurait été adressée par "Dieu" en personne dans mon salon hier soir, et qui m'ordonnerait de manger ci et pas ça, de me couvrir la tête ou de me promener tout nu ? vous qui vous plaignez sans cesse du racisme parce qu'on vous demande d'envlever votre voile en certaines occasions, avez vous eu pitié des pauvres nudistes, victimes d'un racisme et d'une discrimination bien plus graves, puisqu'ils ne peuvent pas pratiquer leur "culte" (se promener tout nus) sous peine de prisons ferme, en dehors de certains ghettos appelés "plages naturistes" ?

    bref : si vous voulez emmerder les autres figurez vous que moi aussi je sais faire, et que je pourrais même me révéler plus fort que vous à ce petit jeu là...

    mais laissons là les vaches sacrées du paganisme, fût il monothéiste, et revenons à nos moutons....et une fois encore citons Hegel pour adresser un adieu définitif aux "gens de l'ineffable" qui refusent d'affronter la critique et le discours rationnel, avec ses exigences de preuve et de justification :

    "tous ceux qui ne cherchent que l'édification, qui demandent qu'on enveloppe comme dans un brouillard la terrestre diversité de leur existence, et recherchent la jouissance vague de cette divinité indéterminée, peuvent bien essayer de voir où ils trouveront cela; ils trouveront eux mêmes aisément les moyens de s'inventer une fantasmagorie exaltante et passionnée, et d'en faire étalage. Mais la philosophie doit se garder de vouloir être édifiante.....

    ......ce discours prophétique s'imagine qu'en agissant ainsi il reste juste au centre et dans la profondeur, et jette un regard méprisant sur la déterminité, et se tient intentionnellement éloigné du concept et de la nécessité, en tant qu'ils sont la réflexion qui n'a de demeure que dans la finitude.

    Mais de même qu'il existe une largeur et une profondeur vides....de même ce discours est une intensité sans aucune teneur, qui se comporte comme une pure et simple force sans expansion, et dès lors est la même chose que la superficialité. La force de l'esprit n'est pas plus grande que sa manifestation extérieure, sa profondeur ne va pas au delà du point où il accepte de se répandre et de se perdre dans son déploiement"

    (ici "déploiement" traduit Auslegung, soit un déploiement qui manifeste toutes ses parties, et donc une analyse; nous ne sommes pas loin de l'analyse qui selon Brunschvicg caractérise la pensée moderne depuis la révolution scientifique du 17 ème siècle, et le terme de "réflexion" utilisé un peu plus haut rappelle la méthode réflexive qui caractérise la pensée de Brunschvicg, et dont l'une des tâches de toute pensée à venir pourrait être de la rapprocher de la phénoménologie ainsi que de la pensée dite "analytique" anglo-saxonne). Mais continuons ces citations de Hegel, toujours extraites de la préface à la Phénoménologie de l'esprit, préface qui à elle seule constitue un traité de philosophie

    "quand ce savoir substantiel sans concept prétend avoir le caractère propre du Soi même, enfoui dans l'essence et qu'il philosophe de manière vraie et sacrée, il se dissimule qu'au lieu d'être dévoué à Dieu, en méprisant la mesure et la détermination, il ne fait au contraire, tantôt que laisser prévaloir en lui même la contingence du contenu, tantôt que faire prévaloir en celui ci son propre arbitraire.

    En s'abandonnant à la fermentation débridée de la substance ils s'imaginent, par l'enveloppement de la conscience de soi et l'abandon de l'entendement, être du nombre de ceux que Dieu compte pour les siens, et à qui il donne la sagesse dans le sommeil; mais voilà aussi pourquoi ce qu'ils reçoivent ainsi et mettent au monde pendant leur sommeil, ce sont des rêves"

    Sacré Hegel ! comme tout ceci sonne juste face aux "marchands de sommeil" de la mystique ou de la révélation... en tout cas il me semble en avoir assez dit pour nous justifier sur notre refus d'une "révélation" ou d'une intuition qui refuserait d'entrer dans l'arène de la critique rationnelle.

    Nous nous sommes appuyés sur Hegel, nous qui sommes loin d'être hégéliens, nous méfiant de toute "Grande logique", qui prétendrait livrer la pensée de Dieu avant la création du monde, que ce soit celle de Hegel ou le dernier exemplaire en date qui est la "Logique des mondes " de Badiou.

    De Hegel je ne craindrai pas de faire un détour par Heidegger, qui est loin d'être un des Maitres reconnus sur ce blog, mais dont je ne peux cependant que saluer la parution de la traduction en français du Tome 38 de l'édition intégrale : "La logique comme question en quête de la pleine essence du langage".

    D'abord parce que cette parution fait justice d'une présentation un peu trop sommaire et philosophiquement orientée de l'engagement nazi de Heidegger. Je ne prétends pas ici "défendre" Heidegger, j'en serais d'ailleurs bien incapable. Cependant il est bon que chacun puisse juger sur pièces, et étant donné que ce volume est constitué d'un cours que Heidegger a donné immédiatement après sa démission du recorat, en 1934, il constitue une pièce importante au dossier.

    Mais je fais surtout allusion à ce livre parce que Heidegger y part du Logos grec et de sa concption de la pensée comme s' accomplissant dans l'énoncé, dans la proposition, ce qui est exactement la conception que nous venons d'illustrer ici, ce qui n'est pas un hasard puisque le Logos grec est l'une des deux "jambes" de la pensée occidentale, en concurrence-concomitance avec la Révélation hébraïco-chrétienne. Et nous entendons ici nous faire unijambistes !

    Que Heidegger critique la mathématisation de la logique, qui est pour nous une avancée définitive par delà son stade aristotélicien où Kant la considérait comme figée depuis 2000 ans et pour toujours, mathématisation dont Heidegger ne reconnait pas la nouveauté (consistant à remplacer la logique du syllogisme par une logique des relations, celle de la science, dont la théorie des topoi chère à Badiou et à nous donne la version mathématique-formelle sans doute définitive ...pour un certain temps  ), soit ! qu'il passe par le questionnement de la logique vers l'essence même du langage, et s'achemine ainsi vers un accomplissement  de celle ci non pas dans les Révélations hébraïco-chrétienne (et islamique) mais dans la poésie, soit !

    nous ne sommes pas heideggerriens, et n'avons donc pas à répondre pour tout ceci... ni contre, cela serait un autre débat!

    mais l'important est que celui qui reste, quoiqu'on en dise, l'un des penseurs les plus importants du 20 ème siècle voit dans la logique (et donc, par ricochet, dans la Mathesis, et dans la science) tout autre chose qu'une technique d'argumentation fondée sur des règles figées pour l'éternité.

    Extrait de Heidegger "La logique n'est donc pas pour nous un entrainement à une manière meilleure ou pire de procéder dans la pensée, mais un questionnement qui mesure pas à pas les abîmes de l'Etre; non pas la collection desséchée des lois éternelles de la pensée, mais le site où a lieu ce qui dans l'homme est digne de question".

    L'appel à un "ébranlement" de la logique , dans la perspective d'une mise sous tutelle de celle ci par la métaphysique de la présence (à la fois platonicienne, aristotélicienne et chrétienne selon Heidegger) et vers la mise en chantier de LA question sur l'être à venir de l'homme, cet appel me semble bien proche de la tâche définie ici , dans une tout autre "ambiance" certes, comme Mathesis universalis, et spécificiquement dans cet article comme fondation de la Vérité.

    Car il faut bien souligner clairement, ce que je fais ici, que nous nous démarquons complètement de la techno-science et du discours politico-économique ambiant sur la "recherche scientifique"; celle ci n'a pas pour but selon nous le confort matériel des générations futures ni la réponse aux défis (écologiques notamment) de l'époque, qui menacent l'humanité d'une extinction physique à court terme.

    Car la recherche scientifique fait partie d'un ensemble plus vaste (que nous nommons Mathesis universalis) dont l'enjeu est rien de moins que l'être à venir de l'homme...et de Dieu, ajouterons nous ?

    La vérité si je ne mens pas ou : comment j'ai appris à ne plus m'en faire à propos de Dieu et à aimer les catégories et les foncteurs

    L'approche adoptée ici consiste donc à mettre l'accent sur le Logos, le fait de parler (rationnellement) et de réfléchir (en commun, de façon dialectique), sur ce qui est dit et pensé pltôt que sur ce qui est, et à propos de quoi on le dit ou on le pense. Cela ressemble au "tournant linguistique" analytique, chez le second Wittgenstein par exemple, mais il n'y a aucun point commun : car le "linguistic turn" est une catastrophe menant au relativisme culturel, c'est à dire au nihilisme actuel; de notre côté, nous défendons l'inverse, à savoir qu'il est une Vérité absolue, unique, universelle, que nous nommons "Dieu", et qui encore une fois n'a absolument rien à voir avec l'Idole des trois monothéismes abrahamiques, ni non plus avec celles de l'hindouisme. Nous appelons toutes ces "religions" (terme d'ailleurs impropre, puisque l'on sait que le terme  arabe "din" n'est pas vraiment traduisible par "religion", mais qu'importe ici..), ou plutôt leur versant métaphysique et théologique, des idolâtries et des paganismes. Spinoza dépeint de manière admirable ces "paganismes" à la fin du livre I de l'Ethique dans le court "Appendice" où il explique l'origine des "dieux" que se sont donnés les hommes depuis la préhistoire sans doute, et dont Allah , Krishna ou les autres dieux ne sont jamais que de nouveaux exemplaires... aussi ne puis jeque renvoyer à ces quelques pages qui sont parmi les plus admirables de toute la littérature philosophique, comme aussi le début du "Traité de la réforme de l'entendement" de Spinoza aussi, ou bien les Méditations cartésiennes

    Le "Dieu" dont nous parlons ici, le "Dieu des philosophes et des savants" n'est pas une "Personne" à qui l'on pourrait s'adresser, ou qui aurait des intentions nous concernant, ou qui interviendrait dans l'histoire.

    Si un astéroîde menace de percuter la Terre, et d'anéantir complètement toute vie humaine et animale (sauf les fourmis et les puces), comme Apophis menace de la faire le 13 Avril 2029, où il passera à 32000 km de notre planète  et de nouveau en 2036:

    http://fr.news.yahoo.com/afp/20080416/tod-allemagne-usa-espace-astronomie-inso-7f81b96.html

    il est vain d'espérer changer son parcours grâce à des prières ! c'est aux scientifiques d'imaginer et de bâtir, éventuellement, un dispositif pour empêcher la collision ( fusées munies de bombes thermonucléaires pour détourner l'astéroïde, "filet" géant, miroirs optiques géants, etc...).

    Si comme des indices de plus en plus nombreux le laissent hélas présager la nourriture et l'eau viennent à manquer dans l'avenir pour nourrir toute l'humanité, il sera vain de prier une quelconque divinité pour qu'elle vienne à notre secours : c'est à nous de réfléchir et d'agir, puisque "Dieu" est la Raison, c'est à nous d'user de notre raison pour prévoir ce qui va se passer... pour prendre un autre exemple, cinématographique, dans le film "Apollo 13", qui relate les évènements réels survenus en 1970, année où les astronautes américains en route vers la Lune ont échappé de peu à la mort , lorsque dans le film les ingénieurs de la NASA réussissent finalement à organiser le retour du vaisseau endommagé vers la Terre, il y a un dialogue très court entre la tour de contrôle de Houston et le vaisseau, mais qui représente pour l'humanité un pas de géant (philosophique) encore bien plus grand que celui de 1969 lorsque le premier humain a posé le pied sur la Lune. Dans ce dialogue donc, qui dure juste une minute dans le film, l'ingénieur de la NASA responsable de l'opération de sauvetage dit au commandfant du vaisseau Apollo 13 : "voici les paramètres que nous avons calculés pour votre retour vers la Terre, pouvez vous les vérifier ?"...et les astronautes font les claculs et finalement annoncent qu'ils ont obtenus les mêmes résultats. C'est que si un seul des paramètres est faux, alors ils pourront bien prier le dieu qu'ils veulent : Allah, Jésus, Jehovah, Kali ou Vishnou ... le vaisseau ira se perdre dans l'immensité de l'espace et ils mourront tous dans des souffrances atroces...par contre si les calculs sont justes, alors ils ne sont pas certains d'êtres sauvés, car la Raison mathématicienne ne peut pas prévoir tous les aleas... mais ils peuvent quand même avoir confiance dans leurs chances (et même estimer ces chances qu'ils ont de s'en tirer avec un intervalle de confiance !). Ainsi apparait avec évidence que le "Dieu -Raison" est supérieur à tous les prétendus "dieux" de la Foi, mais qu'il ne reprend pas tous les Attributs des anciens dieux , ni la Toute Puissance ni la Toute Bonté en particulier : c'est que le Dieu de l'ancienne métaphysique n'était qu'une Idole inconsistante, et que la Toute-Puissance est contradictoire avec la Toute-Bonté. Quant à être "Tout connaissant", la physique quantique a montré que cela n'a aucun sens : l'aléatoire est au coeur du réel.

    Le "TOUT" est une notion inconsistante : par contre la Raison a le "souci" du Tout qui était mis en avant par l'ancienne philosophie grecque ("meleta to pan"), et on peut aussi bien dire qu'elle a le souci de l'Un, puisque  toujours d'après les Grecs : Un = Tout ("En to pan").

    Allons nous dire alors que l'Un-Tout est "ineffable", nous réfugier piteusement, après tant d'autres, dans les arcanes mystiques, c'est à dire mystifiants, de la Sainte Nescience, de la "docte ignorance", des "nuées du sanctuaire" ou du "nuage d'inconnaissance" ? Non ! nous refusons, car ce serait faire le premier pas vers l'humiliation suprême qui consiste à recommencer à prier ! nous sommes des hommes, fiers, solitaires, dédaigneux (Plotin disait : c'est aux dieux de venir à moi, pas à moi d'aller à eux") , pas des disciples ni des adorateurs qui se courbent et se "soumettent"! nous sommes les Insoumis ! plutôt régner en Enfer que servir au Ciel   !

    Il n'y a pas d'ineffable; mais la Vérité absolue dont je parle plus haut ne consiste pas en un "dire", en un système achevé (une catégorie achevée) de théories consistant en des catégories de théorèmes et des propositions. Car "il n'y aura pas d'épiphanie de la Vérité". Alors ? où en sommes nous ?

    Alors, c'est là encore Brunschvicg, le bon papa Brunschvicg ,  le bon Maitre souriant et compatissant, qui nous donne la clé pour sortir de ces impasses où nous pourrions tourner longtemps comme dans un labyrinthe, analogue à celui du "Parménide" de Platon. Prêtez l'oreille , car la "vérité vous rendra libres" :

    "L'opposition décisive entre l'idéalisme mathématique de la République platonicienne et le réalisme astro-biologique de la Métaphysique aristotélicienne a défini le thème fondamental de l'Occident dans le domaine pratique comme dans le domaine théorique, indépendamment de toute référence au christianisme. Plusieurs siècles avant qu'il ait commencé sa propagande, la polémique de l'Académie et du lycée apporte le témoignage lumineux qu'il existe deux types radicalement distincts de structure mentale, commandés, l'un par les relations de la science (mathemata), l'autre par les concepts du discours (logoi). De là procède le problème religieux tel qu'il se manifeste dans la terminologie des Stoïciens avec la dualité du Verbe intérieur, ou Raison : logos endiathetos, et du Verbe extérieur ou langage : logos prophorikos"

    (ces lignes sont extraites de la fin de l'Introduction au "Progrès de la conscience dans la philosophie occidentale").

    Tout est dit, et si bien dit: l'Absolu-Raison dont nous parlons, c'est le Verbe intérieur ! et ce n'est pas une découverte chrétienne, tout ce qu'il y a de bon dans le christianisme et l'Evangile (comme par exemple l'admirable prologue de l'Evangile de Jean) est emprunté aux Grecs et à leur philosophie, au platonisme. Le déclin occidental, pendant 2000 ans, jusqu'au réveil cartésien au 17 ème siècle, peut se lire comme la décomposition (chrétienne) du platonisme.

    Il se manifeste, ce Verbe, dans le cogito de Descartes  des "Meditationes", qui donne l'accès à une vérité absolue (puisque la nier revient à l'affirmer) qui n'est aucunement une vérité propositionnelle figée sur elle même dans un "dit" définitif, mais un dynamisme : le dynamisme de l'expansion infinie de l'intelligence ! qui permettra l'absolu désintéressement de l'amour (mais l'ordre est important : l'amour est sous condition de l'intelligence, qui est première, si vous essayez de commencer par l'amour, vous êtes dans le désastre de la Foi).

    Il se manifeste dans l'interprétation, lisible de façon implicite si un peu embrouillée, chez Wronski, de la maxime évangélique : "Cherchez et vous trouverez"... ou, dans l'Evangile de thomas, bien souvent préférable aux autres car dénué de toute cette répugnante mythologie biblique vétéro-testamentaire : "Celui qui cherche, trouvera; à celui qui frappe, on ouvrira". Qu'est ce que cela veut dire ?

    Rien d'autre que ceci : si je cherche réellement et sincèrement la vérité, donc si j'ai repoussé et détruit, à la manière de Descartes, toutes les prétendues "vérités" de la vulgate collective et populaire, je ne suis pas dénué de tout, mais je possède d'ores et déjà une première vérité : que je suis justement à la recherche de la vérité, la preuve en étant que j'ai déjà accompli cet immense travail (négatif certes) de destruction des préjugés et prétendues "vérités".

    "O toi ! malheureux, à qui la vérité, en ses premières vagues, n'apporte que des épaves !"... peut être, mais de ces épaves, je peux tirer, comme Robinson Crusoe, les matériaux pour bâtir un nouveau et splendide navire ("navire de bois"), avec lequel peut être... un jour nous franchirons la mer ? et quand bien même le port n'existe pas, quand bien même nous ne pourrions jamais quitter la haute mer, où nous devrions effectuer toutes les réparations nécessaires (et provisoires) du "vieux rafiot" scientifique, quand bien même la vérité ne serait que la baleine blanche du vieil Achab... le navire ! grand dieu où est le navire...millions d'oiseaux d'or, Ô future vigeur ? est ce en cette nuit sans fonds que tu dors et t'exiles ? Ô Seigneur ! écoute notre voix ! un matin succède à un autre matin, et jamais ne vient le jour mais plutot des ténèbres visibles servant seulement à découvrir des régions de chagrin, où ne vient jamais l'espérance, qui vient à tous...Ô Seigneur tu m'arraches...à Carthage alors je m'en fus... "ma seule étoile est morte"... Cynthia n'est plus ici ni Sophia l'attentive... je veux de ces fragments étayer mes ruines;le prince d'Aquitaine à la tour abolie. Pays de sources, pays d'eaux vives, où il semble être toujours après midi, où coulent le lait et le miel...Hieronymo is mad again..

    mais je m'égare

    revenons à la discipline, non de l'arcane, mais des mathemata...elle seule pourra nous garder des tentations "sentimentales" de la poésie..."car les poètes mentent trop" et nous ne voulons plus mentir...

    Le Verbe intérieur ! soit ! mais pour examiner ce que c'est que le Verbe intérieur, il faut examiner ce que c'est que de produire des discours extérieurs,ou des théories, ou des systèmes de théories, ce qui se passe quand on parle, quand on échange des informations, quand on cherche, en commun ou seul, la vérité...ou des vérités. Car il y a plusieurs façons de parler...

    Il y a d'abord, et c'est le plus courant, le "parler pour ne rien dire", celui de la quotidienneté et de l'inauthenticité du "On" ("Man") de Heidegger. Personne n'y échappe. On parle sans but précis, pour se sentir bien en groupe, pour briser le silence, parce qu'il faut bien parler...appartiennent à cette catégorie la plupart des émissions de télévision, même celles qui prennent la forme du débat d'experts, littéraire, ou politique. Pas la peine d'en attendre une vérité quelconque, le but est ailleurs, dans la confrontation des egos qui fait augmenter l'audience.

    Une deuxième sorte consiste à parler avec d'autres dans un but précis, par exemple je veux éclaircir avec mon subordonné certains points, sur l'état d'avancement d'un travail . Il s'agit d'un but utilitaire, concernant la vie d'un certain groupe de personnes (dans l'exemple choisi, l'équipe de travail).

    S'il n'y avait que ces deux types d'activité intellectuelle et discursive, notre espèce humaine ne serait pas très différente des autres espèces animales, à part la faculté du langage, et encore, il est prouvé que des animaux comme certains insectes, ou des mammifères, échangent des informations au moyen de "signaux" (olfactifs, visuels), que donc ils "parlent" entre eux (ainsi par exemple un oiseau cherchant une femelle enverra des "signeaux" en adoptant un certain comportement, en émettant certains cris, etc..).

    Mais il existe au moins deux autres "sphères" de sens, de "discours" ou en tout cas de systèmes de significations qui semblent être particulières à notre espèce, et qui visent à des buts de portée non plus restrinete à quelques humains, mais "universelles" : l'art et la religion, ou pour en rester à un niveau de généralité maximal disons l'art et le domaine du "sacré". De grandes oeuvres comme le théâtre de Sophocle, comme la Divine Comédie, ou la Recherche du temps perdu concernent et appartiennent au patrimoine commun de toute l'humanité, tout comme les livres dits "sacrés" que sont Bible, Vedas, Coran, Edda, Tao Te king etc...

    l'art prend d'ailleurs son origine dans le "sacré", ainsi la poésie découle de l'épopée ou de la chanson de geste, le roman apparait en Europe à l'ère moderne comme version "sécularisée" de l'histoire sacrée qui est racontée dans les oeuvres "anonymes" des conteurs. Le théâtre d'Eschyle, Sophocle ou Euripide s'origine dans les Mystères...d'autre part il ya aussi les autres formes d'art (musique, peinture) qui là aussi découlent d'un stade "sacré" plus ancien.

    Les problèmes apparaissent quand il s'agit de confronter les unes aux autres ces diverses oeuvres artistiques ou "sacrées". En est il besoin d'ailleurs ? pas forcément ! une grande oeuvre poétique ou romanesque se suffit à elle même, c'est un "monde" de pensée et de significations , un univers clos sur lui même. Mais la "confrontation" surgit quand certains écrits sacrés, plus précisément religieux, se réfèrent à d'autres écrits sacrés pour les considérer comme "faux", ou appartenant à des stades "dépassés" de l'humanité. Ceci commence semble t'il avec le prophétisme d'Israel, puis se transmet par universalisation au christianisme et à l'Islam : on sait que le Coran , tout en reconnaissant l'origine divine des deux révélations monothéistes précédentes, les considère comme entachées de falsifications humaines.

    Quelles solutions peuvent trouver ces problèmes de "confrontation" ? celles ci sont de deux sortes : violente et discursive-rationnelle. La première sorte de solution est évidemment la plus fréquente dans l'Histoire, tout au moins depuis l'apparition des deux monothéismes se voulant "universels", valables pour toute l'humanité. l'Islam connait en ses premiers siècles une expansion fulgurante par voie de conqutes guerrières, tout comme d'ailleurs le christianisme une fois qu'il est devenu la religion officielle (et seule autorisée) de Rome, après Constantin, puis celle des empires successifs qui se succèderont ou celle des nations d'Europe. L'activité des missionnaires semble pacifique et fondée sur la persuasion des "indigènes", mais l'armée n'est jamais loin... au cas où

    Mais la confrontation discursive-rationnelle existe aussi, dans les différentes "disputationes" : elle se fait sur le terrain plus "neutre" de la philosophie, ainsi par exemple les confrontations entre les "latins" comme Thomas d'Aquin et les "arabes" ou les "averroïstes" : tous se réfèrent à Platon et surtout Aristote, qu'ils considèrent comme leur maitre commun, tout au moins dans la domaine de la philosophie, qui est celui de la raison, tout en admettant qu'il y a un domaine "supérieur" à celui de la raison, le domaine de la révélation et de la foi.

    Cette analyse sommaire nous mène donc à définir un troisième "étage", après le premier niveau "quotidien-utilitaire" et le second, celui des arts et du sacré (religions). Ce troisième niveau est celui des sciences et de la philosophie, que nous mettons dans un même groupe car il est indéniable que les sciences naissent de la philosophie. Nous appelons aussi ce troisième étage celui de la "raison". On pourra nous faire l'objection que les sciences ont elles aussi un but utilitaire, l'amélioration des techniques, qui ne sont qu'un prolongement et un perfectionnement en puissance et en efficacité des activités animales, mais cette objection ne tient pas : un pays comme la Chine avait des techniques merveilleusement développées mais n'a jamais pu produire l'analogue des sciences qui sont nées en Occident et seulement en Occident, chez les Grecs d'abord sans se distinguer des premières activités philosophiques, puis dans les contrés soumises aux invasions d'Alexandre (les sciences dites hellénistiques) , avant de décliner ou de se perdre avec les conquêtes romaines puis au moyen âge, puis de connaitre une spectaculaire renaissance en Europe à la fin du Moyen age.

    Bien entendu, on pourra faire le reproche à cette courte analyse d'être trop simpliste, d'ignorer les sciences védiques, égyptiennes, islamiques... mais j'ai déjà dit ici que les musulmans héritent des sciences antiques (hellénistiques ou hindoues) en les perfectionnant certes, mais sans en modifier complètement la nature, comme ce sera le cas avec la mutation moderne intervenue au 17 ème siècle européen... et de toutes façons ce n'est pas le sujet de cet article déjà trop long.

    Sciences et philosophie se caractérisent par la notion de "progression" : c'est évident en ce qui concerne les sciences, ainsi la physique  de Newton et de Galilée, qui remplace celle d'Aristote comme l'adulte prend la place de l'enfant,  est elle dépassée par celle d'Einstein sans être totalement annulée (elle reste valable pour les vitesses faibles par rapport à celle de la lumière). C'est aussi tout le mérite du livre de Brunschvicg, "Le progrès de la conscience dans la philosophie occidentale", d'avoir montré que c'est le cas aussi en philosophie. Les philosophes occidentaux depuis Platon et Aristote jusqu'à Badiou ou Heidegger dialoguent entre eux, se confrontent dans le domaine de la pensée, sans apparemment lever des armées pour poursuivre le débat sur le terrain militaire... exception faite des états inspirés par la philosophie de Marx, mais il a été suffisamment montré (par exemple par le philosophe chrétien Michel Henry) que Marx n'a rien à voir avec ces dérives et ces aventures.

    Mais comment entendre cette "progression" ? certainement pas naïvement, de façon linéaire et continue dans le temps historique !

    Je vais ici introduire une formalisation très sommaire au moyen des catégories. Le seul outil utilisé sera celui des catégories dites "maigres" ("thin categories"), où il n'y a qu'un seul morphisme entre deux objets, qui sont équivalentes aux classes munies d'un préordre :

      http://en.wikipedia.org/wiki/Preordered_class

    L'exemple le plus simple est celui des entiers naturels N : 0 ,1,2,3.... les objets de la catégorie N sont les nombres entiers, et il y a une flèche, et une seule, entre deux entiers m et n, si m est inférieur ou égal à n :

         m → n si et seulement si  m ≤ n.

    Les flèches se composent de manière associative comme dans toute catégorie : si  m ≤ n et  n ≤ r alors m ≤ r et ceci se traduit tout simplement par la composition des flèches :

         m  → n → r : les deux flèches se composent pour donner comme résultat la flèche (unique) : m → r

     O est alors un "objet initial" dans cette catégorie N c'est à dire que pour tout objet n de la catégorie il y a une flèche unique de 0 à n : 0 → n

    Revenons à notre notion de progression des discours et des théories et analysons là au moyen de cette formalisation très simple. On peut définir au moins trois ordres différents de "progression":

    -un ordre qui est celui de la dérivation logique : une théorie peut être vue comme une catégorie dont les objets sont les propositions (les théorèmes) et il y a une flèche (et une flèche unique) entre deux propositions P et Q si P implique (logiquement) Q.

     

    -un ordre que nous pourrions appeler "épistémologique", entre théories , propositions , ou même entre classes de théories ("disciplines") : une théorie T sera dite "impliquer" ou "précéder" une théorie R :    T → R

    si  la théorie R a "besoin" de la théorie T (des objets de celle ci, des concepts qu'elle permet de définir, et de sa vérification par l'expérience) pour être elle même définie et validée, ou bien si la théorie T permet d'expliquer tout ce que la théorie R explique, tout en expliquant bien plus (on dira que T contient R, ou du moins contient une sous-théorie isomorphe à R).

    Ainsi, pour nous placer à une niveau de généralité élevé, la physique relativiste "contient" (a la préséance sur, "précède") la physique newtonienne.

      - enfin nous définissons un troisième ordre, que nous appelons "métaphysique" ou "transcendantal" entre des propositions, des théories, des classes de théories.

     On aura une flèche entre deux objets :  U → T

     si la vérité de T a pour condition de possibilité la vérité de U. S'il n'y a pas un sens à parler de U et de sa "vérité" et si U n'est pas "vraie" en ce sens  , alors il n'est même pas possible de donner un sens à T et à sa vérification, et donc à sa vérité.

    C'est une condition plus générale, et plus forte, que les deux précédentes, et je vais le faire comprendre sur un exemple qui constituera la réfutation promise des théologies.

    Mettons que deux théologiens ou métaphysiciens discutent entre eux pour confronter les validités de leurs théologies ou de leurs théories métaphysiques en un débat rationnel.

    Alors ils pourront peut être se mettre d'accord en un temps fini sur la question de savoir laquelle des deux théologies est la bonne... ou peut être de reconnaitre qu'aucune des deux ne l'est. Soyons optimistes et supposons que nous avons affaire à deux théologies (ou métaphysiciens) honnêtes et absolument non violents : ils pourront peut être arriver à se mettre d'accord sur une nouvelle théologie, ou métaphysique, qui remplacera les deux et qu'ils reconnaitront tous deux comme "vraie". Cela veut dire qu'ils se seront mis d'accord sur un certain nombre d'axiomes, vérités indémontrables, admises par "révélation " ou par "accord rationnel" dont ils dériveront, par dérivation logique, les autres "vérités" de la nouvelle théologie.

    Mais il est en tout cas une vérité "absolue" sur laquelle ils sont d'accord "a priori" s'ils s'engagent dans la discussion, c'est à dire s'ils décident d'éviter la guerre et la violence : c'est qu'il y a la Raison, qui permet de départager selon le vrai et le faux les "vérités" que l'on peut dire, soit dans le domaine de la foi soit dans le domaine de la science.

    Cette vérité "absolue" peut se dire encore ainsi : il existe un "garant", une source de vérité , un Verbe, qui permet de juger et de départager tout ce qui peut se "dire" et s'évaluer selon le vrai et le faux. Ce "garant", c'est ce que nous appelons "Dieu", ou "Raison", ou "Vérité ", ou "Verbe", les mots importe peu.

    elle est "absolue" en ce sens que c'est un "objet initial" , et c'est le SEUL objet initial, dans une catégorie dont les objets sont toutes les théories , ou systèmes de théories (au sens large : ainsi une théologie est une théorie si elle peut s'évaluer sur le terrain du vrai et du faux, de la raison) et les flèches correspondent au troisième "ordre", dit "métaphysique" ou "transcendantal", que nous avons défini plus haut.

    Si vous vous engagez dans un débat rationnel, ou dans une recherche de la vérité solitaire au moyen de la raison, alors vous reconnaissez cette "vérité première", et toutes les "vérités" auxquelles vous pourrez éventuellement parvenir seront "sous condition", "précédées par" , cette vérité "initiale", c'est à dire que dans une catégorie dont les flèches sont celles du "troisième ordre" défini par nous, il y aura une flèche depuis cette vérité première vers toute vérité à laquelle vous pourrez parvenir.

    La seule vérité absolue sera donc cette vérité qu'il y a une source de vérité, qui est la Raison, ou Dieu, radicalement immanente à l'esprit humain, qui permet de parvenir à la vérité à propos de tout ce qui est (quel que soit son ordre de phénoménalité).

    aucune autre vérité ne pourra donc se donner comme "absolue", puisqu'elle est sous condition de cette vérité première.

    Les théologies ou religions ou "livres sacrés" (notamment le Coran) sont donc ici réfutés puisqu'ils disent d'eux mêmes qu'ils sont des Vérités absolues et parfaites. Or ils ne peuvent pas l'être puisqu'ils sont sous condition et dépendance de la Vérité première qui est celle de la Raison, ou Dieu des philosophes et des savants.

    C Q F D.

     

     

     

     

     

     


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  • Commentaires

    1
    Pedro
    Vendredi 2 Mai 2008 à 13:06
    Islam ou les autres religion
    J'ai parcouru tes documents. J'ai vu que tu détestes tout ce qui est dogmatisme, on dirait. En ayant cette attitude, toi même tu deviens dogmatique, prétendant connaître la vérité alors que toi-même tu ne la possède pas. Par contre avoir un esprit critique est primordial, car cela permet de distinguer le vrai du faux, en utilisant la raison, certainement. Donc la vérité ne se trouve ni dans ta philosophie, ni chez les dogmatiques, peut-être elle se trouve chez les gens qui n'abusent pas de la critique facile, mais qui réflechissent longuement et qui aident les autres humains à évoluer vers une direction authentique et pleinière. Salutations,
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    2
    Vendredi 2 Mai 2008 à 13:32
    eh oui
    tout à fait Pedro, tout à fait...merci de ta participation
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