• La galaxie du Sombrero

    Samedi dernier je me trouvais en début d'après midi à l'entrée du parc du Luxembourg (côté Quartier Latin) , il faisait un temps sec d'hiver, avec un soleil radieux qui illuminait Paris. Mon attention fut attirée par une série d'affiches, toutes liées de près ou de loin au thème de l'exploration spatiale ou de l'astronomie, et surtout par l'une d'elle représentant la galaxie du Sombrero qui se trouve à 40 million d'années lumière de nous, dans la constellation de la Vierge. Voir :

    http://fr.wikipedia.org/wiki/Galaxie_du_Sombrero

    http://jcboulay.free.fr/astro/sommaire/image_jour/sombrero/page_sombrero.htm

    http://www.futura-sciences.com/galerie_photos/showphoto.php/photo/285/cat/500/ppuser/6349

    http://www.cidehom.com/apod.php?_date=031008

    http://www.boolsite.net/images/wallpapers/Nature_Paysages/Astronomie/Galaxie-sombrero01.html

    http://messier.obspm.fr/f/m104.html

     

    Soudain quelqu'un qui lui aussi admirait cette splendide photo m'adressa la parole...un homme assez jeune, qui d'après ce qu'il me confia travaille dans le domaine de la recherche en physique théorique....

    sans nous connaitre, nous parlâmes de façon détendue , 5 à 10 minutes, puis nous nous séparâmes....j'étais pour ma part tout à fait heureux d'avoir pu rencontrer un frère en humanité, dans cette ville de Paris qui fut l'une des plus belles du monde et fut une "fête", mais où aujourd'hui l'on vous arrête plutôt pour vous vendre quelque chose, vosu demander de l'argent, ou l'heure, vous distribuer un prospectus publicitaire, bref vous instrumentaliser...toute ma journée fut comme illuminée par cette "exception" à la situation générale.

    Que nous étions nous dit d'exceptionnel ? rien ! il m'avait un peu parlé de son domaine de recherche, et je lui avais confié que je ne me lasse pas de regarder le ciel étoilé au dessus de nous, cf ce que j'ai dit sur un blog précédent :

    http://www.blogg.org/blog-64760-billet-kant_et_le_ciel_etoile_au_dessus_de_nous-662769.html

    plongé dans mes pensée en faisant le tour du parc, je prolongeai, comme c'est souvent le cas, cette conversation en tête à tête avec moi même...

    et je me dis qu'il est impossible, si l'on a vraiment saisi la majesté "intelligible" de cette immensité, de perdre encore son temps à "imaginer" pour son "âme" personnelle un destin d'après la mort.

    Bref je me dis que le Sombrero offre à qui le veut un thème de "méditation" (puisque le mot est tellement à la mode) qui s'il est bien conduit réalisera les promesses de l'Evangile et affranchira le méditant de la mort !

    rien que ça !

    Brunschvicg a une formule extraordinaire à ce sujet : il écrit dans "Introduction à la vie de l'Esprit" que la philosophie nous invite à "renoncer à la mort" !

    L'Etoile de la rédemption, de Franz Rosenzweig, s'ouvre sur une critique virulente de cette "solution" (illusoire, d'parès Rosenzweig) philosophique au problème de la mort.  Mais il ne s'agit là que de l'opposition irréductible entre religion (ou voie de salut par la "foi") et philosophie (ou voie de la raison), entre Dieu d'Abraham et "Dieu des philosophes et des savants".

    Mais j'irai même plus loin : ce que nous murmure le Sombrero, c'est l'inanité de toute notion de "salut personnel" !

    Continuant à méditer, je me rappelai l'un des livres qui a exercé sur moi la plus grande influence, la "Montagne magique" de Thomas Mann, et singulièrement le chapitre où le héros Hans Castorp parti pour une promenade à ski est pris dans une tempête de neige et manquant mourir connait un épisode "initiatique" où un "rêve éveillé"  présente à l'oeil de son esprit un tableau imagé sur l'opposition entre apollinisme et dionysisme (dans son rêve il voit de beaux jeunes gens folâtrer sur une plage, alors que non loin de là, dans une grotte, une vieille sorcière dévore des membres humains).

    Ce "songe initiatique"  mène le héros à une "décision résolue" sur le mode heidegerrien : "je veux être bon".

    eh bien c'est à une résolution un peu similaire que pourrait nous mener, me semble t'il, la méditation du Sombrero.

    Etre bon en ce sens que l'homme libéré de lui même, libéré de ses appétits sensibles tout autant que des imaginations du salut personnel de l'âme "éternelle" peut s'ouvrir sur la véritable dimension humaine : une fraternité d'êtres physiquement mortels mais pouvant accéder à une sorte de "présent éternel" dans la conscience intellectuelle qui "constitue" (et non pas "crée", nous ne sommes pas ici dans l'idéalisme naïf) l'Espace-Temps.

     La "Montagne magique " se termine de manière abrupte par le départ (forcé) de Castorp hors de la "montagne des péchés" pour la guerre de 1914 . Ce départ est aussi une libération : il va pouvoir faire ses preuves, vérifier la solidité de sa "résolution", non pas dans la vie de la plaine, pour laquelle il est sans doute définitivement inapte,  mais dans les épreuves terrifiantes de ces années criminelles dans l'horreur desquelles il est plongé malgrès lui. "Vérification" : là encore, nous nous trouvons devant un vocable "brunschvicgien" ; "ce qui est vrai, c'est ce qui est vérifié".

    Quelle pourra être l'épreuve pour nous autres qui avons prêté le "serment du sombrero", à savoir renoncer à la pusillanimité de la vie des mortels se souciant de leur "belle âme" pour nous jeter dans le "vide" (peut être ?)  de la quête intelligible?

    sans doute pas une guerre sur le mode des deux précédentes !

    mais peut être pire : peut être la "surexposition" à ce que l'on appelle la "mondialisation", c'est à dire à l'absence de monde ....

    Si l'on prend au sérieux l'hypothèse qu'il n'y a qu'un seul monde parce qu'il n'y a qu'une seule "Mathesis universalis" devant le "constituer", et que celle ci n'étant pas encore, alors il ne peut y avoir de monde,  il se pourrait bien que cette réponse soit la bonne...


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