• Le suicide de l'Occident

    Ce n'est pas par "négligence", ou "irresponsabilité", que la "civilisation" occidentale actuelle (qui n'a rien à voir avec les principes fondateurs de l'Occident, ceux de Descartes et Spinoza) court semble t'il vers un "mur" pour sy fracasser.

    C'est parce que, profondément, elle "veut" en finir.

    Cette conclusion est aussi celle de Christian Godin qui, dans "La fin de l'humanité", annonce la disparition de l'humain dans trois ou quatre siècles, par "perte de l'envie de continuer" (et il appelle cette désespérance sociale, qui s'accompagne d'un consumérisme sans limite et d'une vie dans le très court terme  : "peste blanche").

    Mais le problème est juste repoussé d'un cran : pourquoi veut elle, cette humanité moderne, en finir ?

    Ici nous pouvons nous accorder avec Badiou, et reconnaitre que le "matérialisme démocratique" et ses idéaux de "jouir sans entrave dans la diversité et le multiculturalisme institués" n'offre pas de "sens réel" à l'existence...ou encore, dans les termes de Badiou, qui sont sur ce point préférables, la désorientation de l'existence ne conduit qu'à la volonté de mort. Le grand Baudrillard disait lui, au début des années 80 si je ne m'abuse : "il y a désormais un problème mondial de la fatigue".

    C'est assez simple à comprendre : une fois que vous avez essayé toutes les destinations de vacances, toutes les positions sexuelles avec des femmes de toutes origines (ou des hommes si vous êtes une femme, avec les adaptations que le lecteur de ce blog, forcément intelligent et respectueux du "politically correct", ne manquera pas de faire pour les gays, lesbiennes, bi, tri, etc... j'espère que je n'oublie personneMort de rire), une fois que vous avez testé tous les types d'alcool ou de "shit" (oups pardon..."teushi" ), eh bien.... vous êtes dans la dépression et vous n'avez qu'une seule idée en tête : en finir. Et pourtant votre plan d'épargne retraite est si prometteur pour "quand vous n'aurez plus à travailler" !

    mais là encore le problème n'en est que repoussé un peu plus loin : pourquoi la civilisation d'Occident a t'elle quitté sa "vocation originelle", celle mise en évidence par exemple par Husserl, qui est de se vouer au travail infini d'introduire une intelligibilité de plus en plus parfaite dans la réalité, pour s'enliser dans le "naturalisme" et le nihilisme contemporains ?

    La raison est à mon avis celle ci : la tâche que s'est donnée à la fin du Moyen Age l'humanité européenne est très difficile, et décourageante, et désespérante, ...ou, en d'autres termes : cette humanité, en la personne de ses grands représentants qu'étaient Descartes, Newton, Galilée, Leibniz, Spinoza, etc...a "placé la barre trop haut" !

    et les générations qui ont suivi n'ont pas eu la volonté, ni la possibilité, de continuer !

    C'est sans doute la vérité profonde du fameux livre de Paul Hazard : "La crise de la conscience européenne" qui porte sur les années 1680-1715, soit les années suivant immédiatement la mort de Spinoza, et allant jusqu'à l'année de la mort de Louis XIV, le dernier "grand roi" de la France, mais surtout de Nicolas Malebranche, le dernier grand cartésien et grand métaphysicien français.

    Vous pouvez d'ailleurs lire ce livre "online" , avec un autre de Paul Hazard sur "La pensée européenne", sur le site des "classiques" :

    http://classiques.uqac.ca/classiques/hazard_paul/hazard_paul.html

    Dans cette optique, la pensée des Lumières au 18 ème siècle, qui a conduit à la révolution française (et à ses échecs ) apparait comme une dégradation par rapport au "sommet" atteint par les grands fondateurs du 17 ème, Descartes en particulier, dont tout découle...

    et c'est d'ailleurs ce que pensait aussi Hegel des "Lumières", qu'il assimilait à l'abstraction vide et uniquement formelle... j'ajoute que l'on peut avoir ce genre d'avis sans être pour autant un affreux réactionnnaire...si ! si ! je vous le jure !

    Dans un ancien blog je m'interrogeais sur la "perte" de la tradition de la "Mathesis universalis" (du 17 ème siècle) , justement lors de cette période du début du 18 ème siècle, qui a conduit au développement autonome (par rapport à la philosophie, laissée complètement en arrière, par la faute d'ailleurs des philosophes) de la science puis de la technique , et enfin au positivisme scientiste du 19 ème siècle...

    il semble que c'est dans cette "crise de la pensée" que doit être cherché la véritable nature de cet abandon.

    quoiqu'il en soit cette dégradation concerne spécialement la France, comme le confirme d'ailleurs le fait que ce soit dans ce pays que les "philosophes des Lumières" aient eu leur activité maximale, et que ce soit là que la Révolution a éclaté...

    mais un autre indice existe, de nature plus "quantitative", de ce "mal français"...

    je veux parler du phénomène bien connu de la baisse de la natalité en France à partir de la seconde moitié du 18 ème siècle, soit plus d'un siècle en avance par rapport aux autres pays européens, voir par exemple :

    http://www.jstor.org/sici?sici=0032-4663(200001%2F02)55%3A1%3C81%3AMAFRPE%3E2.0.CO%3B2-6

     


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