• http://fr.wikipedia.org/wiki/Ren%C3%A9_Descartes

    La situation déplorable de l'humanité contemporaine tient selon nous à la situation déplorable de la philosophie contemporaine, qui tient elle même à l'oubli de ce qu'est la (véritable) philosophie et des textes où on a une chance de la trouver.

    Il suffit de fréquenter quelque peu les "forums philosophiques" (ou plutôt se prétendant philosophiques) sur Internet pour constater que l'étude patiente, s'étendant sur toute une vie, des grands auteurs classiques de la philosophie (Platon, Aristote, Proclus, Plotin, Descartes, Spinoza, Leibniz, Malebranche, Wolff, Kant, Fichte, Schelling, Hegel) est remplacée (sans doute parce que trop difficile) par les discussions stériles sur les petits états d'âme des forumeurs à propos de la politique ou des (non)  évènements de l'époque actuelle, ou bien par les appréciations sans nuances à propos de "philosophes" modernes , souvent obscurs (ça fait mieux, plus "intello"). (On poussera certainement les hauts cris quand je range Schelling parmi les auteurs classiques, mais je me comprends...je ne parle pas ici de l'opposition convenue entre classiques et romantiques).

    Il est donc nécessaire selon nous, si l'on veut remédier à la situation tragique de l'humanité moderne, de revenir aux philosophes "classiques", aux grands philosophes que sont Platon, Descartes, Spinoza et Kant, et aussi de les étudier en parallèle avec l'étude de la science, et d'abord de la partie théorique des sciences : physique et mathématique.

    C'est l'apport irremplaçable de Brunschvicg à la philosophie éternelle que d'avoir été le penseur qui a le plus insisté sur le rôle de la science moderne (celle qui est née au 17 ème siècle et a remplacé l'ancienne science, en sa version aristotélicienne) pour la philosophie, sans bien sûr confondre les deux : la philosophie n'est pas la science que l'on connait comme physique mathématique (puis comme les autres sciences qui sont développées à partir de ce cadre), elle n'a pas le même objet, elle ne vise pas les phénomènes, mais s'exerce de manière réflexive sur l'esprit à l'oeuvre dans l'élaboration des sciences, et à ce titre elle a absolument besoin de l'étude et de la compréhension de celles ci. Comme le dit Brunschvicg dans sa thèse "La modalité du jugement" : la philosophie est "connaisance intégrale", et seul l'esprit peut être objet de connaissance intégrale pour l'esprit. Dans cette acception, la philosophie selon Brunschvicg n'est pas loin de se confondre avec l'histoire de la philosophie, avec la réflexion et la méditation  incessante du "progèrs de la conscience dans la philosophie occidentale"... et aussi dans la science moderne occidentale (aucun sens ethnique ici : l'Occident dont parle Brunschvicg n'est pas celui de Bush ou Sarkozy, il est l'humanité elle même prise dans sa dimension universelle, sa dimension de pensée et de raison donc)

    C'est principalement sur Descartes et Spinoza que s'exerce la réflexion de Brunschvicg, ainsi que sur Kant, et dans une moindre mesure Malebranche et Fichte. Mais il me semble que l'on peut dire sans exagérer que Brunschvicg est plus spinoziste que cartésien. Bien entendu cette formulation est trop simple, Brunschvicg n'est ni ceci ni cela, ce qui est normal s'agissant de penseurs de cete hauteur géniale. Il retient de Spinoza et de Descartes ce qui peut être qualifié d'éternel, en laissant de côté l'aspect "dogmatique" de l'Ethique (consistant dans le lourd appareil axiomatique de la Substance) et chez Descartes sa critique s'exerce souvent (et avec bonheur) à propos des "preuves de l'existence de Dieu" et de la théorie de la création par Dieu des vérités éternelles. (La preuve nommée "argument ontologique" est aussi présente chez Spinoza, et elle a été réfutée par Kant).

    Mais il se trouve que sur Descartes et le cartésianisme nous disposons des études d'un autre philosophe français moderne très important : Ferdinand Alquié, dont on peut lire sur le web "Descartes : l'homme et l'oeuvre" en format pdf :

    http://www.ac-grenoble.fr/PhiloSophie/file/descartes_alquie.pdf

    L'approche d'Alquié est très différente de celle de Brunschvicg, qu'il critique souvent tout en reconnaissant avoir bénéficié des enseignements de son oeuvre, mais ils partagent plusieurs points communs : un rationalisme sans faille, une fidélité à une  raison qui n'est en aucun cas considérée comme une puissance substantielle et déterminée une fois pour toutes et exerçant d'en haut sa législation, mais comme une tension essentielle, un effort permanent de l'homme à la recherche de la vérité (Alquié parle à ce propos de la "solitude de la raison et du philosophe") ; et aussi, disons le tout net, un oubli presque complet de la part des intellectuels venant après 1945.

    C'est dans la "Découverte métaphysique de l'homme chez Descartes" (et aussi , dans une optique moins restreinte au cartésianisme, dans "Nostalgie de l'être") qu'Alquié nous livre sa vison la plus pure et la plus claire de la spiritualité cartésienne, qu'il place au sommet de toute la philosophie occidentale. En ce sens , il peut être dit cartésien par opposition à Brunschvicg le spinoziste. On lira ainsi avec un bonheur extrême les pages finales de la "Tentation de l'éternité" , où il affirme sans ambages que "nul ne nous semble plus digne que Descartes d'être pris comme maitre de Sagesse".

    Par rapport au spinozisme de Brunschvicg, le cartésianisme d'Alquié pourrait être caractérisé comme adoptant l'approche selon l'Etre (ontologie cartésienne)  plutôt que l'approche selon l'Un (mathématisme de Spinoza et Brunschvicg). Cela est en rapport avec une estimation différente, voire contraire, de la portée de la Raison humaine : pour Descartes (on lira là aussi le début du livre de Guéroult : "Descartes selon l'ordre des raisons", qui est très clair à ce sujet) et Alquié, le pouvoir de la Raison est total à l'intérieur du domaine où elle peut s'exercer; pour Spinoza et Brunschvicg il n'y a pas de limite au pouvoir d'explication et de compréhension de la Raison humaine, qui peut alors être tout autant qualifiée de divine. C'est là tout le sens de l'idéalisme revendiqué jusqu'à la fin de sa vie par Brunschvicg, et qu'il affirme dès le début de sa thèse de jeunesse "La modalité du jugement", en posant qu'un "au delà de la pensée" est "pour nous comme s'il n'était pas". il n'y a aucun sens rationnel à supputer un "au delà de la raison et du discours", pour la bonne et simple raison que cela revient à parler (ne fût ce que pour dire à la manière de Wittgenstein qu'il "faut le taire") de ce dont on affirme qu'il est impossible de parler.

    On dira bien que parmi les attributs de la Substance (= Dieu) Spinoza pose que seuls les deux premiers, l'Etendue et la Pensée, sont accessibles à la compréhension humaine, et que l'infinité des autres est incompréhensible, mais on tombe là justement dans le lourd "appareil" de la substance dont Brunschvicg souligne l'aspect "dépassé et euclidien".. on doit d'ailleurs se rappeler que parler d'une infinité d'attributs n'a plus de sens précis après Cantor et sa découvertes des différents "infinis" (l'infinité des cardinaux).

    Ce blog entend éviter l'erreur des précédents : le dogmatisme, et revenir à beaucoup plus de modestie. Nous entendons tirer les conséquences d'un fait évident : ce n'est pas sur un blog que le projet de "Mathesis universalis" rêvé par Descartes puis semble t'il oublié (ou repoussé ?) par lui, puis repris par Leibniz sans trouver des réalisation précise, ni même de définition claire, réabordé ensuite bien plus tard par Husserl au début de sa carrière philosophique, ce n'est pas ici donc, sur ce blog ou sur un autre, que le projet sera mené à terme !

    On se contentera donc ici de mettre en ligne des propositions, des notes, des suggestions, en évitant les affirmations dogmatiques et péremptoires. Si ce blog ne sert qu'à clarifier et organiser notre propre pensée, il aura déjà une utilité, et c'est sans doute la seule qu'il aura.

    Tout cela pour dire que si Brunschvicg reste notre principal inspirateur, nous entendons être fidèle à son impératif constamment réaffirmé : toujours vérifier ! "le vrai, c'est ce qui est vérifié".

    Aussi les critiques d'Alquié sont elles précieuses en ce qu'elles mettent au défi de "vérifier" (et donc éventuellement de falsifier) les thèses de Brunschvicg.

    C'est à propos de la situation relative de la science et de la philosophie (ou plutôt, dans la terminologie d'Alquié, de la métaphysique) que cette approche comparative des deux philosophes nous semble pouvoir être entamée de la façon la plus frutueuse, car c'est sur ce sujet qu'ils se séparent et se rejoignent à la fois (ce qui est bien le signe d'une certaine dialectique des deux pensées) : Brunschvicg insiste sur la "cassure en deux de l'histoire de la philosophie" à l'époque de Descartes, et Galilée : il y a une philosophie d'avant la science moderne, qui est encore à l'état virtuel, dans les langes, et il y a la philosophie qui nait puis se développe et progresse à partir de Descartes. Mais en aucun cas la philosophie ne doit se situer "en surplomb" de la science : la pensée ne doit se faire "ni plus vieille ni plus jeune qu'elle même", la philosophie doit progresser de concert avec la science, et c'est sa tragédie principale que d'avoir pris tant de retard sur celle ci.

    Alquié, dans "La découverte métaphysique de l'homme chez Descartes", dit à la fois la même chose et autre chose : la science a pour rôle irremplaçable de donner à l'homme la conscience enfin déterminée de l'objet, de la conaissance objective, et de lui permettre ainsi de procéder à l'établissement de la philosophie, qui prend pour point de départ cette conscience exacte de l'objectivité (donnée àl'humanité par la science moderne) pour se tourner vers une tâche tout autre : la voie vers la Sagesse qui est selon lui la voie vers l'Etre, qui ne saurait se trouver dans les objets considérés par la science.

     

     


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  • Dans son récent ouvrage "Rien ne va plus en physique" ("The trouble with physics") évoqué sur mes blogs à plusieurs reprises, Lee Smolin délivre un diagnostic à la fois "pessimiste" (si ce mot peut avoir un sens dans le domaine scientifique) et stimulant à propos de la situation de la physique théorique actuelle : il montre (avec succès, à mon avis) que la théorie des cordes n'a pas tenu ses promesses d'unification de la physique quantique et de la relativité en une théorie unitaire, regroupant en un cadre théorique (mathématique)  les quatre interactions fondamentales de la physique, à savoir électromagnétiques , et interactions fortes et faibles (toutes trois influentes aux échelons très petits, du domaine de la physique quantique donc) et la gravité, du domaine des échelles très grandes et de la relativité générale.

    Le dernier grand achèvement de la pensée humaine en physique théorique est donc le "modèle standard", qui unifie les trois premières interactions, et qui date de 25 ans environ pour ses derniers développements.

    Lee Smolin ne cherche absolument pas à "démolir" la théorie des cordes et les physiciens qui y travaillent, qui sont souvent de grands esprits. Mais il plaide , avec bon sens à mon avis, pour une diversification des crédits de recherche : étant donné que la théorie des cordes a été pour le moment impuissante à proposer des expériences nouvelles aptes à valider ou falsifier ses conclusions, qu'elle n'a donc fourni aucune prédiction pouvant être confirmée par l'expérience, étant doné même qu'elle n'est même pas pour le moment une théorie unique mais un "espoir de théorie dans le futur", il serait hautement raisonnable d'accorder des crédits à des programmes de recherches concurrents si moins ambitieux, comme la gravité quantique à boucles (le domaine de recherche de Smolin).

    Son diagnostic sur la théorie des cordes est confirmé par le livre de Peter Woit, "Même pas fausse" ("Not even wrong"), qui arrive aux mêmes conclusions. Woit est quant à lui spécialisé en physique mathématique.

    Selon Smolin , il faut distinguer deux sortes de sciences : la science "normale", celle des chercheurs qui ne découvriront pas un nouveau domaine et ne réaliseront pas de grandes avancées théoriques, et la science "révolutionnaire", celle des Einstein , Dirac et Heisenberg.... le mode de fonctionnement de la recherche aux USA paralyse selon lui les chercheurs "révolutionnaires", ceux dont la physique actuelle a besoin pour sortir de l'impasse. Il montre que pour dépasser le marasme actuel, il faut des gens qui réfléchissent à ce qu'il appelle les "problèmes fondamentaux", qui sont de nature philosophique, touchant par exemple à la nature de l'espace et du temps.

    Or depuis l'après guerre, et même la fin des années 30, la science est touchée (aux USA en tout cas, mais l'on sait que ce qui survient aux USA se transmet vite au reste du monde) par un syndrome positiviste, qui la conduit à mépriser toute activité philosophique, celle qui passionnait tellement Einstein.

    Là encore il arrive aux mêmes conclusions qu'un autre penseur , Benjamin Gal-Or, dans son ouvrage qui date de plus de 20 ans maintenant : "Cosmology, physics and philosophy" (Ed Springer). Ce dernier estime que le dernier grand effort de pensée philosophique en physique aux USA a été le fait des chercheurs qui arrivaient d'Europe pour fuir l'hitlérisme...il y a un certain temps donc.

    Ce déficit de "pensée philosophique" serait la cause profonde de la crise actuelle.

    Pour ma part j'étais remonté, sur un autre blog (voir : http://mathesis.over-blog.com/article-5633431.html) encore plus loin , au début du 18 ème siècle, après la mort de Leibniz : je voyais dans la séparation intervenue à cette époque entre mathématiciens (puis physiciens ) et philosophes le symptôme de l'échec de la "Mathesis universalis" de Descartes et  Leibniz (qui étaient encore, au 17 ème siècle, à la fois mathématiciens ET philosophes).

    Je n'ai pas changé d'avis, et il me semble que même s'il a existé au siècle dernier de grandes exceptions (mais un génie est toujours exceptionnel) comme Einstein, l'échec du projet de Mathesis universalis grève d'une lourde hypothèque le devenir "séparé" (après avoir été commun) de la science (des sciences doit on dire maintenant, des sciences particulières et non unifiées) et de la philosophie ( les philosophies doit on dire là encore, chaque auteur ayant sa philosophie propre).

    Il faut avoir le courage de préciser au maximum sa pensée : la thèse qui sous-tend l'activité de ce blog est que la philosophie est scientifique et non pas mystique, qu'il n'y a donc et ne peut y avoir qu'une seule philosophie, comme il n'y a et ne peut y avoir qu'une seule science, et un seule Vérité.

    "Chacun sa vérité", ce n'est pas la monnaie qui a cours ici ! Mort de rire

    La philosophie est la "science des sciences" (comme le dit Fichte par exemple). J'ai aussi pu caractériser dans le passé la situation mutuelle de la philosophie et de la science par l'image d'une adjonction de foncteurs:

                                                     ------------------>

                                 Esprit, Sujet                                   Objet, "Monde"

                                                     <------------------

    La flèche tournée vers le "monde", vers l'objectivité est celle du foncteur "science"; celle tournée vers l'Esprit est celle de la philosophie.

    C'est un peu plus qu'une image, mais cela réclame bien sûr encore à être précisé considérablement ; disons que pour le moment c'est un peu un "mathème" à la Lacan Mort de rire.

    On trouvera des documents de Benjamin Gal-Or, lisibles gratuitement par tout le monde, et formant la suite de "Cosmology, physics and philosophy", sur l'excellent site http://www.scribd.com :

             http://www.scribd.com/doc/916662/GravitismHavayaism-WorldWide-Acclaimed-Philosophy-by-Benjamin-GalOr-Book-Draft

             http://www.scribd.com/doc/911791/FREE-Core-Curriculum-Course-in-Cosmology-Physics-and-Philosophy-Benjamin-GalOr-2007

     J'attire d'ailleurs l'attention des éventuels lecteurs sur l'intérêt "technique" de ce site, qui permet d'entreposer des documents pdf, doc ou autres. J'y ai moi même créé deux "groupes", l'un public (où je mettrai peu à peu des articles ou extraits de livres de philosophie ou de math-physique):

    http://www.scribd.com/groups/view/3363-itinerarium-mentis-in-deum

    et l'autre privé :

    http://www.scribd.com/groups/view/3361-mathesis-universalis-amor-dei-intellectualis

    où je mettrai en ligne des fichiers (en réservant pour le second ceux pour lesquels il pourrait y avoir un problème de copyright, par exemple des articles de revues scientifiques que j'ai achetés).

    Je rappelle aussi les deux autres forums/groupes fonctionnant avec ce blog :

    http://groups.msn.com/Principiatoposophica

    http://fr.groups.yahoo.com/group/principia_toposophica/


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  • Depuis que je fais paraitre des articles sur des blogs, je clame haut et fort que Léon Brunschvicg (1869-1944) me semble être le philosophe le plus important en France depuis Descartes...rien de moins !

    Sa doctrine que l'on pourrait qualifier (si tant est que cela ait un sens de qualifier des penseurs de cette envergure immense) d'idéalisme critique et mathématisant, tout aussi bien que de rationalisme intellectualiste, est celle qui inspire le plus les études menées ici.

    Alain Badiou distingue deux grandes tendances en philosophie : la tendance vitaliste, celle de Bergson ou Deleuze, et la tendance rationaliste, celle de Descartes, Spinoza, Malebranche, Brunschvicg, Comte, Simondon, et il se classe lui même dans cette seconde catégorie.

    Mais le terme de "rationalisme" peut prêter à équivoque , et Brunschvicg n'a eu de cesse de dénoncer le rationalisme "systématique", qui prétend dériver un savoir absolu, indépassable et total, de principes certains, Hegel étant le représentant le plus évidzent de ce systématisme.

    On lira avec un grand intérêt l'article suivant de François Chaubet sur le destin qu'a connu Brunschvicg lors des années d'occupation, de Juin 1940 jusqu'à sa mort en janvier 1944:

    http://publications.univ-provence.fr/ddb/document.php?id=87

    Brunschvicg a dû fuir son bel appartement parisien et sa bibliothèque, qui a été pilllée, uniquement parce qu'il était d'ascendance juive.

    On touche là la singulière horreur du nazisme comme de tout antisémitisme, et leur absurdité totale, puisque Brunschvicg depuis le début de sa carrière philosophique n'a pas cessé de dénoncer et de critiquer les "religions positives" (y compris donc la religion juive), celles des "dieux à nom propre", qui ont entrainé au cours de l'Histoire des guerres incessantes (et à notre époque menacent d'engloutir l'humanité dans une guerre totale et destructrice), auxquelles il oppose la religion de l'Esprit immanent aux sciences, la religion ayant comme "dieu" le Dieu-Esprit, le Dieu-Raison, en somme le "Dieu des philosophes et des savants" s'opposant depuis Pascal au "Dieu d'Abraham".

    Et il est absolument ignoble de prétendre, comme l'a fait "Bling bling" Sarkozy à des fins commerciales et démagogiques, assimiler la prétendue "islamophobie" (qui est une critique tout à fait légitime d'une idéologie fasciste et impérialiste, et en aucun cas un "racisme", sinon il faudra m'expliquer en quoi les musulmans, qui se félicitent de ce que de plus en plus d'européens se convertissent, forment une race) à l'antisémitisme qui est le nom de la haine envers les personnes nées de famille juive, indépendamment de leurs croyances et de leurs comportements effectifs, et bien souvent s'adresse d'abord à celles qui s'affranchissent de leur héritage ethnique et familial, comme Brunschvicg, le penseur universel de l'Occident à l'égal de Descartes et Spinoza.

    L'importance de Brunschvicg pour notre époque comme pour l'histoire totale du devenir de l'humanité, se mesure aux penseurs qu'il a influencés, ou qui ont été ses disciples directs, quelquefois révoltés et infidèles, ce qui est normal, mais toujours reconnaissants envers le Maitre : Alquié, Merleau Ponty, Bachelard, Raymond Aron, Jean Nabert, albert Lautman, Jean Cavaillès, et bien d'autres...sans compter ceux qu'il a influencés de manière négative : il est pour moi hors de doute que Sartre, le penseur le plus influent d'après guerre, s'est entièrement construit contre Brunschvicg (qui était directeur de Normale Sup quand Sartre et Beauvoir y faisaient leurs études)... contre, mais donc en référence à... sans Brunschvicg pas de Sartre, et donc pas de Badiou ni de BHL...horresco referens Mort de rire

    "Nous tâcherons d'armer la Sagesse" disait Raymond Aron lors du colloque consacré en 1945 à la récapitulation de la philosophie de Brunschvicg...il préfigurait ainsi la paix armée et l'âge des intellectuels "militarisés" que nous connaissons depuis....

    mais la Sagesse, dont la pensée de Brunschvicg nous offre selon moi l'accès privilégié, a t'elle vraiment besoin d'être armé&e ou défendue par les armes, voire par la polémique intellectuelle ? j'en doute fort !

    on constatera à la lecture de l'article de François Chaubet que Brunschvicg a d'une part supporté stoïquement , à plus de 70 ans, la dureté d'une vie de fugitif, sans se plaindre et sans jamais récriminer pour lui même... à Maurice Blondel (autre grand philosophe) qui venait le voir en signe d'amitié et lui parlait du destin de ses "coreligionnaires" il opposa un vif refus et dit : "Je vous arrête : être français me suffit !".

    Mais, ce qui est le plus important, c'est que Brunschvicg n'a pas cédé d'un pouce sur la pensée !

    François Chaubet y voit quelque chose de regrettable, une sorte de manque de vigueur de cette philosophie incapable de s'adapter aux conditions nouvelles qui allaient être celles de l'après guerre , je cite l'article (dans la "Conclusion"):

    "La défaite et les années d'Occupation vécues dans l'exil intérieur ne marquèrent pas dans la pensée de Léon Brunschvicg un renouvellement. Sa confiance sans réserve dans l'avenir d'une spiritualité qui mettrait le problème de la vérité à la place de la question de la puissance lui permit de faire front, sur le plan moral, aux événements avec une grandeur d'âme et une générosité pour autrui admirables. Mais demeure l'impossibilité pour lui de penser, au sens fort, la défaite et d'opérer un « déplacement » intellectuel de fond.....Brunschvicg, ce non-dialecticien, n'a jamais recherché une quelconque conciliation entre actualité et historicité.  C'est là, si l'on veut, sa principale limite intellectuelle mais aussi la source de la profondeur de sa pensée. " 

    Mais je regrette de ne pouvoir accepter ce verdict: la pensée de Brunschvicg, en ce qu'elle a de plus haut, se situe dans l'éternel, conçu non à la manière imaginative et superstitieuse de la foule (religieuse) comme durée indéfinie, mais comme immanence radicale de l'Esprit-Un aux opérations et pratiques de la science et de la philosophie, soit des disciplines ayant une valeur de vérité. Comme présent éternel au coeur du temps.

    Et c'est bien, en cette conciliation de la rationalité et de l'historicité, en cette "religion de la Raison" sans aucun mysticisme (supra-mystique plutôt qu'infra ou ignorant la mystique), en cet acheminement vers "le dieu des philosophes", soit l'Absolu dans le temps et immanent à la conscience, offert à tout homme acceptant de faire l'effort requis par l'étude de cette pensée exprimée en langue claire et belle mais d'une difficulté extrême, que se situe le coeur du message qu'il a à nous délivrer, encore aujourd'hui, surtout aujourd'hui (à notre époque où il est complètement tombé dans l'oubli des masses pseudo-éduquées, passives ou fanatisées).

    "Celui qui toujours s'efforce, celui là nous pouvons le sauver" disait Goethe dans "Faust" : l'humanisation comme effort perpétuel et tâche infinie de progrès de la conscience intellectuelle, telle est la voie vers "Dieu" , l'"itinerarium mentis in Deum", à laquelle nous convie la voix éternelle de Brunschvicg....

     

     


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  • Le livre récent d'Alain Badiou : "De quoi Sarkozy est il le nom ?" me donne l'occasion de rappeler ici, très sommairement, notre position vis à vis de  la philosophie de Badiou , et en quoi nous pouvons rejoindre son engagement contre Sarkozy, ou plutôt contre tout ce dont Sarkozy est le symptôme.

    J'irai droit à l'essentiel , c'est à dire, parmi la "liste" (qui n' en est pas une selon Badiou, ni un "programme") des huit "points" à tenir , au point 3:

    "La science, qui est intrinsèquement gratuite, l'emporte absolument sur la technique, même et surtout profitable"

    Un "point", chez Badiou, doit être conçu comme un "fort" en plein désert, à tenir coûte que coûte contre la "loi du monde" (qui est de nos jours le service des biens et du profit). C'est un "lieu" où la complexité du monde est convoquée à la simplicité du "deux", du choix binaire : soit je résite et je suis victorieux, soit je cède et suis vaincu. Il y a des rapports complexes avec la définition d'un point en théorie des topos. Un point se situe en exception, en "trouée" de la réalité; s'il n'y a pas de point à tenir, alors la seule issue (en dehors du suicide) est la survie dans la soumission à l'abjecte réalité.

    Une telle pensée est de nature héroïque, tout comme celle d'Husserl dans la "Krisis", tout comme celle du "pessimisme rationnel" de Brunschvicg, et en cela nous ne pouvons que l'admirer. Les huit points proposés par Badiou ne sont pas un "programme", d'abord parce qu'ils ne sont pas exclusifs, et ensuite parce qu'il suffit d'en tenir un et un seul, peu importe lequel, pour échapper à la "particularité du service" dans l'universalité d'une discipline de vérité.

    Sur ce blog consacré à la science et à ses rapports avec la philosophie, c'est évidemment le point 3 qui nous retient, et je ne peux que répondre un "oui" sans aucune arrière pensée à ce qui est ici proposé par Badiou.

    C'est la thèse fondatrice des recherches entreprises ici que la naissance de la science moderne, au 17 ème siècle en Europe, constitue une rupture absolue, une mutation épistémologique, philosophique et finalement ontologique  : voir Husserl, qui oppose l'humanité "européenne" qui se donne alors une tâche "infinie" selon une téléologie immanente de recherche de la Vérité et d'universalité , aux humanités simplement ethniques et finies. Brunschvicg lui va jusqu'à dire que l'humanité nait à cette époque, à proprement parler, il veut dire l'humanité dans sa dimension rationnelle et non pas dans celle de l'animal humain dont nous parle la théorie de l'évolution... bien évidemment Badiou ne se  reconnaitrait absolument pas ici...

    Qu'est ce qui motive cette cassure en deux de l'Histoire avec la naissance de la science moderne ? certainement pas les avancées techniques, car elles ne verront le jour qu'à partir du 18 ème siècle avec les premières machines à vapeur. Il est donc certain que la science précède, à la fois ontologiquement, logiquement et temporellement, la technique, la techno-science, le "dispositif" de Heidegger. Et elle est pour nous absolument autre que cette dernière. La Chine connaissait déjà toutes les découvertes techniques de l'Europe à la Renaissance : mais la différence est qu'elle n'avait pas songé à élaborer une théorie universelle du réel pour expliquer pourquoi ces découvertes fonctionnaient. de même une telle universalité manquait dans la science arabe, et dans tous les stades antérieurs dits "scientifiques".

    Je m'inspire aussi de Renan dans "l'Avenir de la science" pour dire que la science ne peut que remplacer la religion, elle est la véritable religion, propre à rapprocher les hommes, tous les hommes, dans l'amour spirituel qui nait de la recherche en commun de la vérité. Le "Dieu" , ou l'Absolu, dans cette optique, a la nature d'un ou de "principes intellectuels", il s'oppose aux (faux) dieux de la supersition religieuse populaire, envisagés de manière anthropomorphique comme ayant des buts, des sentiments, des visées, des relations avec des êtres situés dans l'espace temps.

    Au 17 ème siècle, pas plus qu'en Grèce antique, philosophie et science ne sont séparées. Le dernier stade reconnaissable de ce destin et de cette nature commune est la "mathesis universalis" de Descartes et Leibniz, c'est là la raison de l'importance que j'accorde à celle ci, d'où le nom de ce blog. Mais immédiatement après, à compter du début du 18 ème, on assiste à la rupture entre philosophie et science, se caractérisant essentiellement par la rupture entre philosophie et mathématique.

    Telle est selon moi l'origine du "mal" moderne; et le sarkozysme ne vient qu'entériner, pour la France, le dernier tour de vis de cette tendance profonde, vieille de plusieurs siècles. Et le diagnostic de Smolin et de Woit sur l'impasse actuelle de la physique ne peut que confirmer cela : nous nous trouvons bien, à ce stade de la globalisation et de la mondialisation, devant un abîme où le seul choix laissé à l'humanité semble être celui de la vie purement animale, la "concurrence généralisée" pour le profit économique, disons le nettement : la "guerre de tous contre tous".

    S'il n 'y a que cette seule option, ce choix n'en est pas un : et c'est bien là ce qui "nous arrive" en réalité. Mais une alternative imaginaire et fantasmatique est donnée, notamment dans les discours de Sarkozy, Bush, ou de leur émules islamiques : celui de la religion, de l'Autre monde, du "Monde futur"....bref, pour nous, celui de la superstition religieuse et des balivernes messianiques.

    Par contre est oublié, définitivement enterré semble t'il, ce qui seule, selon nous, peut constituer une alternative réelle à l'animalité pure : le projet scientifique et philosophique d'intelligibilité totale qui fonde l'Occident, celui que l'on trouve chez Spinoza.

    aussi répondrons nous : "présent!"  à l'appel de Badiou pour son point 3...

    quelques mots enfin sur certains autres "points" de Badiou, très brefs car il ne s'agit pas ici de régler des comptes avec cette pensée, ce serait dérisoire et de toutes façons Badiou s'en fout absolument ...

    Les points 2 et 7 ne me posent pas de problème, ils vont pour moi de soi ...

    Point 2 : " L'art comme création, quelles que soient son époque et sa nationalité, est supérieur à la culture comme consommation, si contemporaine soit elle"

    Point 7 : "Un journal qui appartient à de riches managers, n'a pas à être lu par quelqu'un qui n'est ni manager ni riche"

    un journal, ou une radio, ou une chaine de télévision...sans parler des sites web !

    Les désaccords commencent avec les autres points, notamment le 1 ou le 4 :

    Point 4  : "l'amour doit être réinventé, mais aussi tout simplement défendu"

    Je n'ai pas le courage ici de battre le rappel contre cette noble cause de l'amour (il parle ici de l'amour entre homme et femme, pas de l'amour purement spirituel dont parle Brunschvicg et qui nait de la recherche rationnelle en commun)... qui voudrait dire du mal de l'amour , au grand dam de Johnny Halliday et autres Emmanuelle Béart, et passer ainsi pour un monstre ?

     je dirai donc simplement que cette "cause" m'apparait encore bien plus désespérée que celle du point 3, si cela est possible...et donc je passe !

    pour finir j'en viens quand même à ce qui me parait l'atavisme déplorable de tous les "anciens" du marxisme ou  du gauchisme historiques. Je signe pourtant des deux mains à l'hypothèse communiste que décrit Badiou (tout en rappelant que les communistes tels qu'ils ont vécu et agi ne l'ont jamais validée ni même approchée, même de loin... sans parler des divers "régimes communistes").

    non ce dont je veux parler c'est du rôle messianique donné au prolétariat dans le marixsme, celui en tout cas des révolutionnaires soviétiques et de leurs émules. Un rôle qui passe maintenant,chez Badiou  à la "jeunesse populaire d'origine immigrée", si j'en crois le développement bouleversant de la page 94, et qui sort d'un passage de la République de Platon, à la fin du livre IX, où Socrate répond à ses interlocuteurs qui lui signalent que ce qu'il leur a dit à propos de la politique est impossible à réaliser  : "oui dans la cité où l'on est né c'est peut être impossible, mais ce sera peut être possible dans une cité étrangère".

    Badiou interprète ceci comme un appel à l'exil, à l'expatriation, et il a raison, mais a t'il le droit pour autant d'aboutir à ces grandes envolées lyriques que sont :

    "la masse des ouvriers étrangers et de leurs enfants témoigne, dans nos vieux pays fatigués, de la jeunesse du monde, de son infinie variété.... sans eux nous sombrerons dans le nihilisme et l'ordre policier.... que les étrangers nous apprennent à devenir étrangers à nous mêmes, assez pour ne plus être captifs de cette longue histoire occidentale et blanche qui s'achève et dont nous n'avons plus à attendre que la stérilité et la guerre"

    il me semble problématique de passer de l'appel de Socrate (qui réclamerait de nous, si nous le prenions au pied de la lettre, de quitter l'Europe, comme l'a fait René Guénon pour devenir en Egypte le shaykh Abd Al Wahid" à la déclaration d'amour pour les immigrés et à l'espoir que Badiou place en eux...

    attention, il ne s'agit pas non plus de tomber dans l'excès inverse, celui de Le Pen, et de diaboliser l'immigration et les immigrés !

    mais ceux ci sont ils venus pour obéir à l'appel philosophique que Socrate lançait il y a 2500 ans ? certainement pas ! plutôt pour fuir la misère, la guerre, la famine, ou tout au moins pour trouver un sort plus enviable matériellement parlant.

    aussi serait il vain de placer un quelconque espoir de "rédemption" en eux , pour l'homme "blanc" fatigué, nihiliste et revenu de tout.

    Et d'ailleurs l'évolution de personnes comme Rachida Dati ou Rama Yade, qui se ruent dans les bras de Sarkozy et se crêpent le chignon pour approcher de plus près l'élu de leur coeur, semble confirmer cette thèse.

    D'ailleurs Badiou lui même ne craint il pas, lors de la toute récente dernière séance de son séminaire, que la "jeunesse populaire" ne se sépare en deux camps , là encore sortis de la République de Platon retraduite et adaptée par les soins de Badiou (et rien à redire de cette traduction elle est extraordinaire et en remontrerait à maint helléniste grognon) : celui des "gros costauds adeptes du sport et des arts martiaux", et celui des "adeptes de la musique, c'est à dire du baladeur, MP3, CD, etc...". En un mot, le groupe des délinquants et émeutiers, dont on a vu hélas pour Badiou que la haine ne se limite pas aux "keufs" mais s'étend aussi aux lycéens "blancs" qui manifestent, et le groupe des gentils "intégrés" , qui ont perdu toute volonté de changer la société et s'adptent à l'abjecte réalité.

    Je trouve cela attristant de voir cet atavisme de cocus des anciens marxistes ou gauchistes : cocufiés par la classe ouvrière, dont le seul rêve a été celui de l'embourgeoisement , de l'ascenseur social et de la consommation à tout prix, ils récidivent avec l'immigration musulmane, et font campagne contre l'islamophobie et pour le libre port du voile... comme cela est désespérant ! Horreur !


     


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  • Dilemne insupportable en prévision le 15 décembre , en tout cas le matin, puisqu'il y aura téléscopage entre deux manifestations tout aussi intéressantes l'une que l'autre, se tenant de surcroît à quelques dizaines de mètres de distance l'une et l'autre : la journée Simondon au 29 rue d'Ulm et le séminaire Mamuphi de François nicolas, qui portera sur les thèses philosophiques de Ralph Krömer à propos de la théorie des catégories (notamment dans son ouvrage récent "Tool and object"), présentées par l'auteur lui même.

    Voici les informations à propos de ces deux réunions, accessibles gratuitement à tout le monde:

    Journée Simondon :

    Le Centre international d'étude de la philosophie française
    contemporaine
    de l'ENS Ulm
    et la Maison des Sciences de l'Homme de Paris-Nord sont heureux de
    vous
    inviter à la

                                    Journée d'étude
                                    « L'individuation de Simondon »

                                     Samedi 15 décembre, 9h-18h30
                                     29 rue d'Ulm, salle Jules Ferry

          La philosophie française se voit depuis quelques années
    enrichie d'une redécouverte : celle de l'ouvre de Gilbert Simondon
    (1924-1989). Or, l'une des nombreuses forces de cette ouvre est de
    rendre compte de ce dont elle bénéficie justement aujourd'hui : un
    processus d'individuation. Car Simondon n'avait écrit son ouvrage
    classique Du mode d'existence des objets techniques (1958) qu'en
    prolongement de L'individuation à la lumière des notions de forme
    et d'information, qui proposait une épistémologie et une ontologie
    consacrées à la genèse des êtres physiques, vitaux et psycho-
    sociaux. Et la description simondonienne de ce dernier « régime »
    psycho-social ou « transindividuel » d'individuation s'applique
    entre autres à ce phénomène qu'est la propagation d'une pensée.
    D'où la possibilité et peut-être même la nécessité de revenir sur
    ce que Simondon entendait par « individuation » en éclairant par là
    ce qui arrive aujourd'hui à cette pensée. Telle est «
    l'individuation de Simondon ».
          L'Ecole Normale Supérieure rend ainsi hommage à l'un de ses
    anciens élèves, dont l'ouvre majeure aura bientôt un demi-siècle
    exactement, et dont l'actualité est paradoxalement accrue à
    l'époque nouvelle des techno-sciences et des technologies de
    l'information.


    Matinée (accueil à 9h) : épistémologie et ontologie, du physique au
    transindividuel.

    9h15 : Frédéric Worms (ENS et Lille 3) : présentation de la journée.

    9h30 : Jean-Hugues Barthélémy (Paris 8 et MSH Paris-Nord) : «
    L'individuation de Simondon : réformer l'idée de Système
    philosophique ».
    10h : discussion.

    10h 10 : Vincent Bontems (LARSIM-CEA) : « Simondon et la Mécanique
    Quantique : lectures du chapitre Forme et Substance ».
    10h 40 : discussion.

    10h50 : Pause

    11h00 : Jacques Roux (CRESAL, Saint-Etienne) : « A l'écoute de
    Simondon : quels seraient les traits d'une sociologie
    transindividuelle ? »
    11h30 : discussion.

    11h40 : Bernard Stiegler (Centre Pompidou) : « Transindividuel et
    préindividuel chez Simondon ».
    12h10 : discussion.


    12h20 - 14h : pause déjeuner.


    Après-midi (accueil à 14h) : pensée de la technique et de l'art, ou
    la culture revisitée.

    14h10 : Xavier Guchet (Paris 1) : « Humanisme et technologie chez
    G. Simondon ».
    14h40 : discussion.

    14h50 : Ronan Le Roux (EHESS/Centre Maurice Halbwachs) : « Simondon
    s'individuant comme penseur de la Technique : mécanologie,
    cybernétique et théories des machines dans la Francedes années
    cinquante ».
    15h20 : discussion.

    15h30 : Pause

    15h40 : Ludovic Duhem (Lille 3) : « La tâche aveugle et le point
    neutre. Note sur le double faux départ de l'esthétique de Simondon ».
    16h10 : discussion.

    16h20 : Anne Lefebvre (Lille 3) : « L'ontologie de la technique
    comme philosophie première ».
    16h50 : discussion.

    17h 00: projection de l'entretien filmé sur la mécanologie 1 (1h14)
    Jean Le Moyne interroge Gilbert Simondon
    à Mazeaux-par-Tence (Haute-loire) en août 1968.
    Bibliothèque et Archives nationales du Québec

     

    Séminaire mamuphi:

    Samedi 15 décembre 2007 (10h - 12h30) : Séminaire mamuphi
    École normale supérieure -  45, rue d'Ulm - Paris 5° (Salle Info 4)

    Ralf Krömer  - La théorie des catégories : un outil d'analyse musicale aux yeux de la critique philosophique. 

    Il s'agira ici principalement de présenter l'interprétation philosophique de la théorie des catégories telle que l'intervenant l'a exposée dans son livre récent (Tool and Object, Birkhäuser 2007).

    Cette interprétation se distingue du structuralisme mathématique de Bourbaki et s'inspire plutôt du pragmatisme de Peirce ; elle concerne notamment les problèmes fondationnels de la théorie des catégories, mais en même temps les enjeux épistémologiques de son applicabilité dans différents contextes.

    À titre plus général, on s'intéressera beaucoup à la relation d'une théorie mathématique à ses applications. À partir de là, on espère pouvoir contribuer aussi au propos plus précis du séminaire qui est la recherche d'une philosophie pertinente des méthodes mathématiques en analyse musicale.



    Calendrier 2007-2008
    • 6 octobre 2007 : Moreno Andreatta, François Nicolas - Charles Alunni
    Disponible : François Nicolas - D'un quatrième moment mamuphi (www.entretemps.asso.fr/Nicolas/Textes/4Mamuphis.htm)
    • 10 novembre 2007 : Stéphane Schaub - François Nicolas
    Disponible : François Nicolas - Déconstruire la music theory (1) : David Lewin (www.entretemps.asso.fr/Nicolas/2007.2008/Lewin.htm)
        Déconstruire la music theory (2) : Milton Babbitt (www.entretemps.asso.fr/Nicolas/2007.2008/Babbitt.htm)
    • 1° décembre 2007 : Francis Borceux
    Disponibles : Francis Borceux - Des jets aux infiniment petits : quand l'intuition se mue en rigueur (www.entretemps.asso.fr/maths/Borceux.pdf)
       François Nicolas : Quelques raisonances musicales de l'exposé de Francis Borceux (www.entretemps.asso.fr/Nicolas/2007.2008/Raisonances.Borceux.htm)


    • 12 janvier 2008 (salle Weil) : Ralf Kromer
    • 2 février 2008 (salle Weil) : Hector Parra
    • 15 mars 2008 (salle Weil) : René Guitart
    • 5 avril 2008 (salle Weil) : Stephan Schaub
    • 17 mai 2008 (salle Weil) : Thierry Paul


    Site mamuphi

    Pour tout renseignement
    Charles Alunni : charles.alunni@ens.fr 
    Moreno Andreatta : moreno.andreatta@ircam.fr 
    François Nicolas : fnicolas@ens.fr / fnicolas@ircam.fr     

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