• Il faut être un porc définitif pour ne pas pleurer toutes les larmes de son corps en voyant ce film qui est un chef d'oeuvre absolu...

    catégorie : mélodramatique ...oui et alors ? il y a mélo et mélo (et aussi méli mélo mais ça c'est autre chose)...

    Le fim a été tourné en 1958 à Madison (Wisconsin) mais il est censé se passer en 1948 dans un ville du Middle West, étouffante comme elles le sont toutes, et sans doute imaginaire : Parkman...nom qui est d'ailleurs tout un programme..

    il repasse de temps en temps en copie neuve dans les salles d'art et d'essai, la denière fois c'était la semaine dernière pour le festival des 10 ans depuis la mort de Sinatra (intervenue  à la mi Mai 1998).

    Dave Hirsch (interprété par Sinatra) est un écrivain raté et alcoolique, qui, après avoir quitté l'armée, revient par hasard dans sa ville natale (Parkman donc)...en fait ce n'est pas tout à fait "par hasard" : le film débute dans le car qui arrive à Parkman, en début de matinée, le chauffeur réveille sinatra : "Eh soldat...on m'a dit de vous réveiller à Parkman"... et Sinatra qui ouvre un oeil glauque : "qui vous a dit ça ?" ...et le chauffeur : "ceux qui vous ont mis dans le car hier soir.. il parait que vous leur avez dit que vous étiez né ici"... ambiance...

    mais dans le car il y a aussi la prostituée, (Shirley Mac Laine) qui s'est amourachée de lui parce qu'il a assommé le gros méchant qui se l'était appropriée... il lui donne 50 dollars en lui sussurant d'une voix encore avinée : '" tu sais ce que c'est chérie...on prend une cuite et ont dit n'importe quoi... tiens, voilà de quoi retourner à Chicago...encore toutes mes excuses" ... ambiance toujours...

    mais bien sûr elle ne retournera pas... elle est amoureuse ! elle prendra une chambre en ville, trouvera un emploi  à l'usine locale fabriquant des soutien-gorges (ça ne s'invente pas)...

    Sinatra prend une chambre au "Parkman hotel" (là encore ça ne s'invente pas) juste en face de la joaillerie tenue par son frère ainé, Frank Hirsh (interprété par Arthur Kennedy, absolument génial) , qui 18 ans plus tôt , se mariant, l'avait fait mettre en pension pour se débarrasser de lui (le père était un ivrogne irresponsable)... et Dave avait pris la fuite depuis 16 ans....

    le réceptionniste de l'hotel : "ah vous êtes le frère de Frank Hirsch ? vous ne lui ressemblez pas" et Sinatra : "merci !"...

    puis il donne quelques dollars au valet pour aller déposer un mandat de 5000 dollars (gagnés au poker, non par ses livres) à la banque qui est la concurrente de celle où son frère siège au conseil d'administration...moins d'une heure après celui ci, averti du retour de Dave, déboule dans sa chambre ...

    Sinatra une bouteille de scotch à la main : "tu prends un verre ?"...Arthur Kennedy "euh... il est 10 h 30, c'est un peu tôt non ?" et Sinatra : "je ne regarde pas la pendule ".... ambiance ambiance ... et quand Frank repart "au fait il parait que tu as déposé ton argent à l'autre banque ?"...et Sinatra : "je savais que tu trouverais ça très drôle !"

    et à la fin, après moult péripéties, Sinatra, tombé entretemps amoureux de la professeur de "technique littéraire" locale, mais repoussé par elle (elle réussira quand même à faire publier son roman, qui aura un succès monstre) parce qu'elle n'arrive pas à admettre son "mode de vie" (que nous cataractériserions, dans le langage "politiquement correct" et multiculturaliste, comme "sans sobriété" ) épousera la prostituée au grand coeur... il expliquera ses motifs au joueur professionnel Bama Dillert (joué par Dean Martin), gros buveur lui aussi, avec lequel il s'est acoquiné : "je l'épouse parce que j'en ai marre d'être seul... je ne peux plus rien faire de bon pour moi même, alors si au moins je peux ainsi l'aider à changer de vie"... ambiance ambiance ambiance...

    et ils se marieront, à la va vite, avec deux témoins inconnus payés par Sinatra... seulement le "gros méchant" jaloux, en prendra ombrage, ivre mort il reviendra avec un revolver et ouvrira le feu sur Sinatra... mais la prostituée se jettera au devant des balles et se sacrifiera pour lui...

    et, lors de la scène finale de l'enterrement, Bama Dillert, l'homme qui n'enlève jamais son chapeau même pour dormir....enlève son chapeau !

    bref un film sur l'alcool, qui , avec la drogue d'ailleurs, semble faire partie de la légende des grands créateurs américains (Edgar Poe, Faulkner, Nicholas Ray....). D'ailleurs quelques années plus tard Minelli tournera "15 jours ailleurs", avec Kirk Douglas jouant un cinéaste alcoolique lui aussi....l'un des trois films majeurs de Kirk Douglas, avec "Le gouffre aux chimères" (de Billy Wilder) et "Les sentiers de la gloire" (de Stanley Kubrick)...

     un film sur Parkman aussi... Parkman comme symbole du monde...ou plutôt de l'absence de monde, qui se nomme "post-modernité"

     

     


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  • Grande nouvelle : Jean Becker a découvert que la vie trépidante  moderne est une vie de cons, qu'on perd sa vie à la gagner, surtout si on la gagne bien, et les critiques unanimes saluent un "film plus noir que d'habitude"...

    Antoine (43 ans), joué par l'excellent Albert Dupontel, est un publicitaire ayant une femme charmante et irréprochable, deux enfants charmants, une maison charmante, des amis et des collègues charmants, et des comptes en banque bien garnis. Un beau jour il pète les plombs, saborde tout, famille, métier, pour partir en Irlande rejoindre son père qu'il n'avait pas revu depuis que celui ci avait tout quitté lui aussi, suite à une infidélité de sa femme, trente ans auparavant...à la fin tout s'explique: Antoine a un cancer, il est en phase terminale, il vient mourir chez son père pour ne pas mourir chez lui sous le regard de ses enfants ou à l'hopital...c'est pour cette raison qu'il n'a pas détrompé sa femme qui croyait qu'il la trompait (détrompé...trompait...très fine terminologie de ma part pas vrai ?Mort de rire) avec une autre femme qui n'était en fait que son médecin...

    Je ne connais pas les autres films de Jean Becker, je serai donc obligé de me fier à Claire Chazal sur le fait de savoir si ce film est "plus noir qu d'habitude"... ou bien peut être voulait elle dire : plus noir que les autres films français récents, les chtis, le film de Marchal l'ancien flic avec Daniel Auteuil, etc... ?

    par contre j'ai plein d'idées pour réaliser un film encore plus noir, beaucoup plus noir même (mais bien entendu j'en serais bien incapable, n'ayant jamais manié une caméra):  car Antoine , dans son malheur, garde quand même sa belle voiture, il a plein d'argent, il peut retirer une grosse liasse de billets pour la donner à un autostoppeur sympathique et qui lui aussi a eu des malheurs..... et si l'on réalisait le même film mais avec un chômeur, ou un ouvrier, incapable de quitter sa femme parce que tout simplement il n'a pas les moyens d'aller coucher ailleurs ? et allez tiens, au lieu d'un cancer (maladie noble, attirant la compassion), on lui collerait une cirrhose du foie, qu'il aurait récoltée lors  de sa fréquentation assidue des bistrots de banlieue ?Horreur !

    veut on un scénario encore plus sombre ? j'ai !!

    car Antoine garde quelque chose qui vaut tout l'or du monde : une belle âme ! mais... parlant de film vraiment "noir" pour le coup : et si l'on mettait en scène un véritable salaud, qui n'a pas du tout le cancer mais veut quitter sa femme pour aller courir la prostipute à Manille, ou en Thailande , ça vaut bien l'Irlande pas vrai ?

    et c'est ici que plein de belles questions métaphysiques feraient leur apparition, et le bonheur des critiques de Télérama : car qu'est ce qui vaut mieux ? être un quadra généreux atteint d'un cancer, ou un "septua" dégoûtant qui meurt d'un infarctus au cours de ses escapades de "touriste sexuel" ? mais au fait, un salaud, l'est il par sa propre faute, ou bien en est il atteint comme par une maladie, cancer, SIDA etc..?

    mais même sous sa forme actuelle, le film "inhabituellement sombre" de Jean Becker soulève beaucoup de questions...par exemple celle ci : Antoine est il vraiment une si "belle âme" que ça ? s'il n'avait pas été atteint d'un cancer, aurait il fait la découverte de l'indignité de son existence de publicitaire profitant (et encourageant) de la bêtise générale? et s'il l'avait faite, aurait il eu le courage de tout foutre en l'air pour devenir un pauvre honnête et digne ?

    d'ailleurs il précise lui même que pendant 15 ans il a "eu la vocation" ... mais alors, qu'était il pendant ces 15 ans ? un imbécile qui croit sincèrement que la publicité contribue au bonheur de l'humanité tout autant qu'à l'enrichissement des "créatifs" (comme ces gens là s'intitulent) ? mais comment un imbécile peut il s'apercevoir de son imbécilité ? et qu'est ce qui vaut mieux : un imbécile courageux , généreux et moral, ou un salaud cynique et intelligent ? non, parce que on sait déjà que le top du top, c'est d'être un type jeune , beau, intelligent, généreux, moral, riche et bien portant...n'est ce pas ?Mort de rire

    bref : un film sombre, plus sombre que les Ch'tis en tout cas, et qui soulève plein d'interrogations... ce n'est déjà pas si mal pour un film français en 2008 Clin d'oeil


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  • Je reviens ici sur la magistrale scène finale de "There will be blood" de Paul Thomas Anderson :

    http://en.wikipedia.org/wiki/There_Will_Be_Blood

    "I'm finished" , qui peut se traduire à la fois par "j'ai fini" et "je suis fini" est la dernière phrase du film, prononcée à l'intention de son valet de chambre par le milliardaire du pétrole Daniel Plainview. La scène se déroule en gros ainsi : la valet introduit Eli Sunday auprès de Plainview, qui dort du sommeil de l'ivrogne à côté d'une bouteille vide; Eli,  fils de la famille Sunday que Plainview a escroquée en lui achetant son terrain à très bas prix alors qu'il était sûr de faire des profits gigantesques en exploitant son pétrole, vient vendre à Plainview les droits d'exploitation sur le dernier terrain où il reste encore du pétrole.

    Plainview, qui garde une rancune tenace envers Eli (qui était auparavant chef et inspirateur d'une secte "évangélique") le berne une dernière fois en lui faisant croire qu'il va accéder à sa demande d'argent (la scène se passe après la crise de 1929, et le scénario permet de comprendre que le très pieux Eli s'est compromis avec le monde de l'argent et est aux abois financièrement parlant), à une seule condition : qu'il avoue et prononce à voix haute :

     "Je suis un faux prophète et Dieu est une superstition"

    Eli Sunday finit par accepter, mais Plainview se moque alors de lui en lui disant qu'il ne veut pas acheter les droits d'exploitation du terrain, puisqu'il a déjà volé le pétrole qui s'y trouvait par la technique du "drainage" (il pompe le pétrole qui ne lui appartient pas à partir des puits se trouvant sur les terrains avoisinants, qui lui appartenaient). Puis il tue Eli à coups de bâtons, et à son valet venu s'enquérir de ses volontés il crie, avec un geste ambigu : "I'm finished". Musique somptueuse et fin du film.

    Cette scène est en apparence énigmatique, ce qui à mon avis est volontairement recherché, pour faire appel à notre réflexion "philosophique".

    Pourquoi Plainview, qui est vainqueur à tous les points de vue , en tout cas les points de vue du "monde capitaliste" (il a tout réussi, il est milliardaire, il a berné et humilié tout le monde, il triomphe), a t'il besoin de détruire tout ce qu'il a amassé et finir ses jours en prison en commettant un meurtre ?

    tout ça pour ça ?

    Certes on pourrait l'expliquer par son ivrognerie, qui est plus que suggérée, on sait que des excès réguliers d'alcool peuvent complètement détraquer l'esprit, et entrainer des crimes, des viols, ou des actes déments etc... le film de Paul Thomas Anderson se terminerait ainsi un peu comme une manchette de "France Soir" : "encore un drame de l'alcoolisme !" Mort de rire

    Cette explication ne me satisfait pas du tout, s'agissant d'un film qui doit être classé au tout premier rang pour la hauteur de vues et de pensées. Aussi vais je proposer la mienne, qui est d'ailleurs bien proche de tout ce qui a été dit ici dans plusieurs articles sur le thème du cinéma et du nihilisme moderne...

    Je dirai d'emblée que l'itinéraire de Daniel Plainview dans le film d'Anderson offre une image artistique frappante, bouleversante, de ce que les religions appellent l'enfer, ou la chute dans l'enfer : je ne saurais trouver meilleur exemple poétique que les vers grandioses de Milton au début de "Paradis perdu".

    Itinéraire de l'âme humaine vers l'enfer donc , et ce d'autant plus qu'il s'agit d'une parodie grotesque de l'itinéraire philosophique vers la sagesse dont nous avons parlé ici. Et l'on sait que Satan se plait à singer Dieu...Mort de rire

    (bien entendu, j'espère que l'on interprètera ces expressions "cum grano salis" : l'enfer dont je parle ici se trouve en ce monde où nous vivons, et "Satan" ne désigne que la tendance humaine inverse à celle que j'essaye de caractériser comme "itinéraire vers la sagesse").

    En effet, comprendre les superstitions comme superstitions, les prophètes comme "faux prophètes" , est une condition sine qua non de l'accès à la Raison. Et le jugement  "I am finished" pourrait se comprendre comme le constat de la finitude essentielle de toute démarche humaine "mondaine".

    La "compréhension" (plus qu'intellectuelle) de cette "finitude" entrainerait le passage à un autre plan, qui est d'après nous celui de la philosophie comme "science de l'Absolu" qui est pour nous Raison (contrairement aux autres approches dites "spirituelles" : Zen, soufisme, vedanta, qabbalah, etc..., avec lesquelles nous n'avons rien de commun).

    Pour me faire comprendre je me réfèrerai ici au livre "Du commencement en philosophie"  de Franck Fishbach, et ses interrogations sur les différences entre les approches d'Hegel et de Schelling, qui tournent autour de la question de savoir si la philosophie réclame un "saut abrupt" directement dans l'Absolu depuis la situation "dans le monde" qui est celle de nous tous , ou bien si elle offre une "chemin d'accès" vers elle même, une propédeutique, une médiation, en un mot si elle fait la courte échelle à ceux qui cherchent à s'orienter vers elle.

    En fait j'avoue que je n'en sais rien : mais à mon avis, si la transition vers une "vie nouvelle", dominée entièrement par la recherche de la sagesse, c'est à dire la philosophie, veut dire quelque chose, elle ne peut être que cela, ou en tout cas elle doit en passer par un tel constat sans appel, une sorte de "décision abrupte" qui est aussi celle qu'explique Spinoza au début de "Traité de la réforme de l'entendement" : si je dois rompre définitivement avec la poursuite vaine et destructrice des honneurs, des richesses et des plaisirs, où sont englués les hommes communs, cette poursuite qui me détourne de la recherche de la sagesse, alors je dois à un moment ou à un autre formuler un tel jugement dans une "claire vision intuitive" qui selon le bouddhisme (par exemple) se situe "au délà de la compréhension intellectuelle" mais qui pour nous, qui sommes tout sauf bouddhistes, en constitue la fine pointe.

    Mais la différence avec la situation de Daniel Plainview dans le film d'Anderson saute aux yeux : en aucun cas la voie philosophique ne doit permettre, ni même suggérer, la violence ou le meurtre... à la rigueur elle peut permettre le suicide, si l'on "comprend" de manière claire que compte tenu de la situation (biologique par exemple, en cas de maladie incapacitante) l'acheminement vers la Raison qui constitue le but proposé est absolument impossible. Mais c'est, philosophiquement parlant, la seule condition où le suicide est possible (non pas autorisé, car une telle notion n'a aucun sens s'agissant de philosophie, qui n'a rien  à voir avec les idolâtries appelées religions et leur commandements ou interdictions); par contre le meurtre ne saurait en découler, puisque par définition la situation réelle d'autrui est au delà de ma compréhension certaine : je peux comprendre et juger avec certitude que compte tenu de ma vie passée la poursuite de la philosophie me sera impossible, et en tirer les conclusions en me suicidant; par contre je ne saurais formuler un tel jugement concernant autrui.

    Mais alors la question définie plus haut se pose avec toute sa force : pourquoi commet il ce meurtre ?

    Ici il me semble que la "réponse" donnée par le  film est en gros que l'essence du capitalisme moderne (anglo-saxon) est la violence et le meurtre. Daniel Plainview tue Eli parce qu'il y va de son "être réel" même, son "essence " précédée par son existence qui est toute sa vie précédente, celle que dépeint le film et qui commence trente ans avant, en 1898.

    Certes les "loups" (ceux qui réussissent, sans se poser trop de problèmes de conscience, ou disparaissent corps et biens) sont entièrement différents des "moutons" (ceux qui pour masquer leur lâcheté et leur incapacité , ou plutôt impuissance à "tout risquer sur un seul coup de dés", se réfugient derrière des commandements moraux ou religieux imaginaires). Et, comme l'a dit Nietzsche (ou Gurdjeff), le destin du loup est de manger le mouton, tout comme celui du mouton est d'être mangé par le loup... mais pourquoi le loup montrerait il cette hargne, une fois que ses "appétits" sont satisfaits ?

    C'est que l'image "animalière" trouve, comme toujours, ses limites.... jamais l'être humain ne se laissera peindre tout à fait en animal.... parce qque jamais, dans la vie humaine, les "loups" ne seront vraiment satisfaits...contrairement, peut être, aux moutons ? Mort de rireClin d'oeil

    et, en l'occurrence, le "loup" en veut aux "moutons" parce qu'il sait bien, ou plutôt parce qu'il "sent" bien, qu'ils "hériteront la terre" car eux sont les justes, et surtout eux seront toujours les plus nombreux, l'écrasante majorité, pour des raisons faciles à comprendre....et que donc les "loups" ne laisseront aucune trace dans l'histoire, dont les récits seront toujours écrits.... sinon par, en tout cas pour , les moutons !Mort de rire

    Et j'ajouterai aussi, pour en finir avec ces questions, et en bémol à ce que j'ai dit un peu plus haut, que la plus grande partie des suicides qui ont lieu dans notre monde contemporain n'ont rien à voir avec la philosophie, et sont pure violence ("les violents envers eux mêmes" comme dirait Dante).

    Je suis entièrement d'accord avec cette conclusion du film d'Anderson, et y vois son intérêt majeur....

    "There will be blood" doit être compris comme une fresque infernale d'une beauté et d'une force saisissantes, une sorte de "Divine comédie" mais qui serait limitée à l'enfer, sans les deux autres parties "purgatoire" et "paradis"...et ceci doit nous faire réfléchir, car nul doute qu'il n'y ait là aussi un dessein du réalisateur.

    C'est un film qui vient à son heure, en 2008, au moment où le "capitalisme mondialisé et globalisé" est en train de fracasser  toutes les digues qui lui opposaient une certaine résistance, encore, pour tout emporter sur son passage... la seule image que je trouve dans la littérature pour dépeindre une telle frénésie de violence et de désespoir nihiliste est celle de la fin de "La mort dans l'âme" (le dernier des trois romans des "Chemins de la liberté" de Sartre), avec ce train fou lancé à tioute allure vers l'anéantissement final.

    Et c'est aussi un film qui est loin de si situer dans une sorte d'abstraction qui serait celle de l'art, selon certains, et de sa pureté "immaculée"...Clin d'oeil

    car l'on sait que l'essor d'Hollywood, dans les années 20 et 30, est dû largement aux fortunes "pétrolières" des magnats de la côte ouest : ainsi par exemple le milliardaire Howard Hugues, dont le film "Aviator" de Martin Scorcese raconte la vie, et qui est à l'origine de nombreux films et productions de ces années là (jusque dans les années 50 encore) avait il hérité sa fortune de l'exploitation du pétrole... pétrole où la notion de "finitude" prend tout son sens, puisque nous sommes confrontés, à l'horizon de la fin du 21 ème siècle, à la "fin du pétrole"...

    doit on voir en ce film un nouvel exemple du fait que "là ou se situe l'extrême danger, là croît aussi la plante qui sauve" (à Hollywood donc, puisque le film de Paul Thomas Anderson est aussi  un film "grand public", une superproduction) ??

    on le pourrait certes, et cette constatation prend  d'autant plus de force qu'il n'est pas vrai, cette fois, que "cette maladie n'est point à mort"...


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  • La photo ci dessus est celle de la prostituée japonaise Abe Sada Horreur !, qui en Mai 1936 étrangla son amant Kichizo Ishida, au cours d'un "marathon d'amour", puis l'émascula : elle fut arrêtée plusieurs jours plus tard, portant les "parties intimes" de son amant sur elle.

    Cette photo (qui montre Abe Sada au milieu des inspecteurs de police qui l'interrogèrent suite à son arrestation) est proprement incroyable, on y perçoit nettement le bonheur de cette femme (qui n'a pas tué par jalousie, mais par amour, et aux policiers qui l'interrogèrent parla de son bonheur total, une sorte d'illumination semblable à celle promise par le Zen) et l'admiration-fascination qu'elle suscita dans le public, y compris les policiers et les juges, elle ne fut condamnée qu'à 6 ans de prison, et fut libérée au début des années 40... elle est morte semble t'il entre 1987 et 1989, et put donc sans doute connaitre le fameux film "L'empire des sens" (1976) de Nagisa Oshima, qui raconte son histoire. Je préfère d'ailleurs, pour des raisons que l'on comprendra bientôt, le titre japonais de ce film "Ai no corrida", ce qui signifie littéralement "la corrida de l'amour".... il me semble que Nougaro a fait aussi une belle chanson sur la corrida et le supplice du petit taureau, et aussi une autre où il dit, de façon assez expressive; à propos des hommes et des femmes et non plus des taureaux  : "elles sont la flèche, et nous la cible"

    Voir aussi sur Abe Sada:

    http://en.wikipedia.org/wiki/Sada_Abe

    la voici sur une photo prise en 1969:

    Pourquoi parler de cette femme dans un article qui porte sur Paul Thomas Anderson et  son dernier film "There will be blood" ?

    http://en.wikipedia.org/wiki/There_Will_Be_Blood

    C'est qu' on peut reconnaitre des liens entre ces deux histoires :celle d'Abe Sada, racontée par Oshima, est réelle, je ne sais pas si celle du film d'Anderson l'est, mais peu importe car ce film parle de la réalité, en l'occurrence celle du capitalisme américain moderne (pétrolier) dont l'essence profonde est : le meurtre. Un autre film qui parle du sens profond de ce que l'on appelle "mondialisation" est "La question humaine" de Nicolas Klotz, à propos duquel j'avais rédigé un billet :

    http://www.blogg.org/blog-64760-billet-la_question_humaine__ou_la_lumiere_fossile_de_la_shoah-664822.html

    et dont son réalisateur dit ceci :

    "On tente de montrer que l'époque moderne s'est construite dans la lumière fossile de la Shoah; elle est empreinte de sa violence".

    Ou, en d'autres termes (les miens) : la victoire en 1945 de la civilisation sur la barbarie nazie est une victoire à la Pyrrhus... on peut d'ailleurs aussi s'interroger sur la nécessité de détruire Dresde (en février 1945), ou d'utiliser l'arme nucléaire contre le Japon en Août 1945.

    Qu'est ce qui est frappant dans le film de Paul Thomas Anderson  ? la scène finale, comme souvent, et sa dernière phrase, prononcée par le héros, milliardaire ayant fait fortune dans le pétrole : "I am finished" (traduisible à la fois par "j'ai fini" et "je suis fini"). Je ne vais pas raconter le film, mais je rappelle juste ici que lors de cette scène admirable il force son "rival" , un chef de secte "évangélique" qui, pris dans la tourmente de 1929, vient l'implorer de l'aider financièrement, à hurler : "Je suis un faux prophète et Dieu est une superstition"... puis le tue. Le film raconte l'itinéraire de l'âme de Daniel Plainview le pétrolier vers l'enfer : "je n'aime personne, je veux me séparer des autres hommes" dit il de lui même. C'est cela l'enfer : l'impossibilité absolue d'accéder (peut être, un jour ?) à l'absolu désintéressement de l'amour dont je parle à propos de la philosophie de Léon Brunschvicg et de la conversion spirituelle qu'il décrit et permet à ceux qui suivent son enseignement. Mais cet "amour" n'a rien à voir avec celui (sexuel) dont on parle généralement, et qui est celui qu'Abe Sada a poussé jusqu'à son paroxysme.

    Le voilà, le lien...

    quant à l'amour chrétien, il n'est pas non plus le véritable amour absolu que promet la philosophie, la vraie philosophie, celle de Platon , Spinoza, Descartes, Einstein  ou Brunschvicg : car il n'a pas su, ou pas pu, rompre avec l'autre amour, l'amour sexuel. La tragédie du christianisme est de n'avoir pas pu réaliser son programme, qui est dans l'Evangile de Jean, et d'avoir ultimement mené à l'Islam, puis au nazisme 14 siècles plus tard... puis à la mondialisation contemporaine, qui est création d'un pseudo-monde, désastre ultime, où se perd tout espoir d'humanité, totu espoir d'accéder un jour à l'amour absolu entre les hommes... qui est donc réalisation du programme infernal nazi !

    C'est aussi ce que reconnait Thomas Mann qui termine son livre "La montagne magique" sur une scène de l'enfer de 1914 où il abandonne son héros Hans Castorp :

    "l'Amour s'élèvera t'il un jour ?"

    après une autre guerre mondiale, les camps d'extermination, Hiroshima, les tueries du GIA, le génocide rwandais, le 11/ 09, on peut certes se poser la question...

    Il est totalement imbécile d'écrire, comme je l'ai lu à propos de "L'empire des sens", que l'histoire racontée est progressiste en ce qu'elle raconte la prise de pouvoir  progressive d'une Geisha, une esclave en quelque sorte,  sur son "Maitre" : Hegel plus la fellation en somme ? Mort de rire

    Quelle est la signification profonde de l'acte , en apparence insensé, d'Abe Sada ? certainement pas celle, pseudo-rationalisée, qu'elle offre elle même aux interrogateurs : "je l'ai tué par amour, pour l'avoir éternellement pour moi seule, j'étais devenue folle d'amour pour lui"... en même temps on doit convenir qu'elle a au moins le courage de dire la vérité : elle l'aimait parce que c'était pour elle un amant extraordinaire, elle ne se lassait pas de faire l'amour avec lui et l'a peu à peu "vampirisé", le coupant de tout lien avec sa famille (il était marié), sa profession...

    autre lien avec Daniel Plainview  ! quand il dit de lui même que l'esprit de compétition (capitaliste) l'a peu à peu coupé du reste de l'humanité, qu'il déteste, et dont il veut se "séparer" radicalement grâce à l'argent qu'il a amassé (et il réalisera cela jusqu'au bout, allant jusqu'à chasser son fils)...

    Abe Sada ne doit pas non plus être conçue comme réalisant les thèses de Georges Bataille (un mystique, catholique) sur l'érotisme, affirmation de la vie jusque dans la mort, permettant de "retrouver la continuité perdue entre les êtres" (on notera la dialectique qui s'instaure peu à peu entre continu et discontinu, lien et séparation).

    Non, l'histoire d'Abe Sada est tout simplement une fantastique régression aux temps immémoriaux du matriarcat et des "grandes déesses omnipotentes", ces temps où la femme avait droit de vie ou de mort sur l'homme, qu'elle utilisait comme un "pénis anonyme". Les "prostituées sacrées" sont une "trace" de ces anciens temps ("in illo tempore") , et les geishas japonaises sont certes la forme moderne la plus "fidèle" à cette tradition antique. De même il existe encore des tribus où le "mari" n'a le droit de "visiter sa femme" (qui a droit à plusieurs maris) qu'à la nuit tombée,... puis il doit vite se sauver avant la venue du jour...

    On sait que les prophètes d'Israel n'ont eu de cesse de mettre fin au règne de ces prostituées sacrées; ont ils réussi ? c'est une autre histoire !

    De toutes façons, de mon point de vue, les choses sont claires : le monothéisme patriarcal (judeo-christiano-islamique) n'est qu'en entre-deux, la Grande Mère gagnera toujours sur le dieu patriarcal...comme nous commençons à le soupçonner.

    L'histoire d'Abe Sada n'est en rien progressiste : son intérêt exceptionnel est de nous montrer de quoi nous devons "partir", et nous séparer radicalement (l'amour sexuel, qui nous reporte aux anciens temps "primitifs", "orientaux") pour accéder, peut être, un jour, à l'absolu désintéressement de l'amour (philosophique), qui ne peut naitre que de l'expansion infinie de l'Intelligence et de la "conversion spirituelle philosophique".

    Pour cela, nous devons rompre aussi radicalement avec la catastrophe du Gestell techno-scientifique, né au 18 ème siècle de la rupture entre science et philosophie, et avec le capitalisme moderne "globalisé" qui en est issu, et donc la violence s'est construite récemment "dans la lumière fossile de la Shoah"..

    qu'arrive t'il a Kichizo, l'amant d'Abe Sada ? il perd peu à peu son identité, son nom, régressant jusqu'à accepter la mort par la main de sa maitresse et devenir un "phallus anonyme" qu'elle pourra couper et porter sur elle (en elle, en fait Clin d'oeil)  pour réaliser la fusion totale de deux êtres, l'androgynie mythique primordiale (qui est aussi celle d'Adam dans la Torah).

    Mais ce genre de régression dans le mythique et la mystique sexuelle (féminine, matriarcale, lunaire , orientale , asiatique) n'a rien à voir avec l'unité spirituelle promise par le rationalisme occidental , solaire, et sa spiritualité virile, qui est celle d'un Descartes et de son oeuvre "initiatique"... et il me semble bien que le Japon a finalement choisi l'Occident, et que ce fut le sens de cet autre "acte" extraordinaire, insensé en apparence, le suicide traditionnel de Yukio Mishima en 1970 ...mais je m'avance peut être un peu trop... et d'ailleurs les USA n'ont rien à voir avec ce qu'est le réel Occident...

    voilà, tout cela est un peu embrouillé... pour résumer en quelques mots, et "synthétiser" : capitalisme moderne mondialisé (et donc pseudo-Occident soi disant démocratique et émancipateur) et régression "asiatique" aux temps mythiques primitifs (avant le monothéisme) sont "la même chose", et ils sont "la même chose" que le nazisme, qui lui aussi rêvait d'un retour au paganisme et aux temps primordiaux.

    Dit comme cela, c'est peut être un peu trop "simplifié" et synthétique, et cela devient peut être un peu...scandaleux. Tant pis ! de toutes façons cela ne pourra pas rivaliser avec le scandale qu'a déclenché l'Empire des sens Mort de rire

    en aucun cas la solution à la tragédie (la question ?) humaine, si elle existe (et on peut certes se demdander si cette "question" est susceptible d'une réponse, puisque ce n'est rien d'autre que celle du sens de "être"), ne peut être trouvée dans un "retour". Elle est "en avant", et sous condition d'une rupture absolue avec les temps "d'avant le 17 ème siècle"...ou bien peut être d'avant la philosophie, en incluant en celle ci la philosophie scolastique occidentale ? peut être....

    Et "Punch drunk love" dans tout ce fatras, me demandera t'on ?

    c'est le film précédent réalisé par Paul Thomas Anderson en 2002, un film absolument "non racontable"; un film extraordinaire ajouterai je...

    http://archive.filmdeculte.com/film/film.php?id=263

    http://en.wikipedia.org/wiki/Punch-Drunk_Love

    il faut le voir en relation avec "There will be blood" : ce dernier film permet de comprendre pourquoi la "belle histoire" de "punch drunk love", celle d'un homme qui trouve la force intérieure de "tracer sa voie dans l'Etre" et de briser tous les carcans qui l'emprisonnent grâce à l'amour d'une femme, pourquoi cette "belle histoire" n'est justement qu'une...belle histoire. Un mensonge.

    Car l'amour entre homme et femme trouve sa vérité ultime dans...Abe Sada .

    Ce qui ne veut pas dire heureusement que toute les histoires d'amour, qui "finissent mal en général", se terminent comme celle de l'Empire des sens ! non ! je vous rassure ! et faire l'amour c'est quand même bien agréable n'est ce pas Mort de rire

    mais quand même...une fois qu'on connait cette histoire....et que l'on sait qu'elle donne la "clé" pour comprendre ce qu'est l'amour sexuel, donc l'amour entre homme et femme (ou entre homme et homme, femme et femme, ne soyons pas politiquement inccorects !Mort de rire) et ce que donc n'est pas l'amour absolu promis par la philosophie... peut on faire l'amour comme "avant" ?

    je me borne à cette suggestion Clin d'oeil

     

     


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  • Ce délicieux petit film provocateur comme on les aime, date de 1964 et a été réalisé par Arthur Hiller, au moment où les USA étaient en train de s'empêtrer dans le bourbier vietnamien...

    voir les liens suivants sur ce film :

    http://www.lewrockwell.com/gee/gee10.html

    http://en.wikipedia.org/wiki/The_Americanization_of_Emily

    Je ne crois pas qu'il pourrait être réalisé aujourd'hui, compte tenu par exemple de ces scènes du début, où le commandant Charles Madison (excellement joué par James Garner, qui était dans la "Grande évasion" l'américain chargé dejouer les pickpockets) , qui est un "dog-robber", un officier d'ordonnance dont le rôle est d'approvisionner son "général" en tout ce dont il peut avoir envie (tout , tout, tout, vraiment tout Mort de rire) met la main aux fesses de toutes les anglaises qu'il rencontre et reçoit pour toute réponse un jovial "Salut Charlie ! contente de te revoir !"

    Mais bien entendu les "politically correct" à la sauce contemporaine aurait tort de se polariser là dessus car le véritable aspect "scandaleux" du film est ailleurs.

    Madison est un "planqué", qui se définit lui même, quand on lui demande sa religion, par : "poltron pratiquant" (un peu à la manière anarchiste de Louis Ferdinand Céline dans le "Voyage", au début, quand il est soldat et discute avec Lola). Ce qui lui permet de se livrer à une critique sans concessions de l'europe et des européens : "vous les européens ! avec vos idéaux et vos principes ! vous ne supportez pas de nous voir arriver en masse chez vous persuadés que nous pouvons tout acheter avec des parfums, du chocolat, tout ce que vous désirez désespérément depuis des années.... mais vous oubliez qu'Hitler et Mussolini sont européens, pas américains, et issus de 2000 ans de fanatisme, de superstition bigotte et d 'avidité".

    Le ton est donné, la séparation bien tranchée entre "américains pragmatiques, égoïstes, cyniques et réalistes" et "européens idéalistes et pétris de grands principes universels". Mais il y aura amour entre l'anglaise Emily (Julie Andrews) et l'américain jouisseur et poltron  qui finalement se révèlera moins cynique qu'il n'y paraitpuisqu'il voudra révéler au monde la "vérité" dernière qui se cache derrière le "grand récit" imaginé par un général mégalomane et schizophrène du "premier mort d'Omaha"... à tel point qu'on se demandera si c'est Emilie qui est américanisée ou Madison qui est "anglicisé".

    Finalement, le film est bien représentatif de cet état d'esprit d'après guerre, refusant l'hypocrisie des grands idéaux qui n'avaient pas empêché la catastrophe de la guerre, et qui culminera avec les grandes révoltes estudiantines de 1967-68 un peu partout dans le monde (et donc aussi en France avec Mai 68, que certains veulent célébrer et d'autres éradiquer....honneur excessif dans les deux cas).

    Badiou a correctement défini cette attitude comme "matérialisme démocratique". Et il n'est pas difficile de voir à quoi elle conduit : au nihilisme moderne (ou post-moderne).

    Car il est impossible de vivre "seulement pour vivre", seulement pour le plaisir, pour fonder une famille, travailler, prendre du bon temps...et puis mourir.

    Enfin si, c'est possible, mais pas longtemps, à l' échelle d'un pays ou d'une société.

    La critique de la guerre, de toute guerre, est excellemment faite par Emily et sa mère dans les scènes de la fin, qui sont à la fois très drôles et belles : glorifier la mort héroïque du "premier mort d'Omaha", c'est absolument "païen" (selon les termes mêmes employés dans le film).

    qu'est ce que c'est, ce qui est "païen" ? c'est de pallier au nihilisme impulsé par le "matérialisme démocratique" et son absence de "sens" par des "idoles", des objets ou des récits chargés de sens "imaginaire" : héroïsme sacrificiel, à la fois chez les Alliés et les allemands, idéologie raciale d'Hitler, etc...

    Seulement, et c'est ici que nous mettons notre grain de sel, si l'on réfléchit à l'essor historique de ce qui s'est appelé "chrétien", on devra convenir que ce qui est chrétien, c'est aussi le plus souvent absolument "païen" ! (et aussi bien sûr ce qui est musulman, a fortiori).

    Quelle est l'erreur du commandant Madison (en dehors bien sûr de sa critique de l'hypocirsie des idéaux héroïques, avec laquelle nous ne pouvons être que d'accord) ?

    C'est de dire la phrase suivante : "pour ce qui est de la vertu, de la morale et de la vérité, je laisse ça aux soins de Dieu".

    Mais Emily a beau jeu de le mettre, à la fin du film, en face de ses contradictions : "comment ? c'est toi qui veut laisser à Dieu la vérité, et tu te proposes de risquer la prison et le déshonneur pour révéler au monde l'imposture de la hiérarchie militaire, en te drapant dans ta vertu ?"

    L'erreur repose dans la confusion entre le Dieu idolâtre et païen des religions (le Créateur) et le Dieu-Raison de la philosophie, qui est Vérité et source de Vérité.

    Car si Dieu est Raison , norme de vérité, et nous est radicalement immanent, alors cela ne peut avoir aucun sens de déclarer : "je laisse la vérité à Dieu et m'en lave les mains". Car Dieu, c'est nous, pour peu que nous soyions fidèles à notre travail de vérité et seulement à celui ci (car la vertu ne peut exister que sous condition de cette recherche en vue de la vérité).

    aussi ne sort t'on pas de l'athéisme pratique du "matérialisme démocratique" par un atéisme philosophique, fût la dialectique matérialiste de Badiou. ni bien sûr par le paganisme sacrificiel et mystificateur des idolâtries religieuses (chrétiennes ou musulmanes)

    Mais bien par la voie "intellectuelle" vers le Dieu des philosophes, qui n'est fondée que sur un seul principe (qui n'a rien à voir avec les grands principes hypocrites du conformisme social) : la progression illimitée vers la vérité par l'expansion infinie de l'intelligence dans le désintéressement absolu de l'amour.

     


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